Un père voit l’un de ses fils dériver vers l’extrême- droite… Les sœurs Coulin s’interrogent sur l’inconditionnalité de l’amour dans un film inégal malgré la qualité de son interprétation.
On avait quitté Vincent Lindon en bétonneur dans Le Choix, il réapparaît à nouveau avec un casque de chantier sur la tête dans Jouer avec le feu, en caténairiste travaillant sur les chemins de fer de Lorraine. Toujours aussi crédible dans son emploi favori d’homme de la rue, toujours aussi investi à l’idée d’incarner quelque chose qui irait au-delà du personnage : sans doute la France elle-même, un état du pays et de la République à l’instant T.
Adapté du roman Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin, le film des sœurs Coulin (17 Filles, Voir du pays) fait le portrait d’un père de famille veuf dont les deux fils, à l’orée de l’âge adulte, s’apprêtent à prendre des chemins différents : l’un (Stefan Crepon) va bientôt partir faire des études littéraires à Paris, quand l’autre (Benjamin Voisin) se rapproche de groupes d’extrême-droite, alors même qu’il a grandi dans un foyer où ont toujours été professé des valeurs humanistes. Plutôt qu’aux causes de la séduction de l’extrémisme, le film s’intéresse aux conséquences intimes, observe les liens qui se distendent, la façon dont l’amour (filial, paternel, fraternel) peut ployer. Jusqu’à rompre ?
La question est posée dans le dernier acte, qui offre à Lindon – primé à Venise - l’occasion d’un long monologue, certes puissant et émouvant, mais qui déséquilibre et cannibalise le film. Tout ce qui précède est en place, solide, composé avec soin, mais également un peu scolaire, comme si Jouer avec le feu était pétrifié par la mission civique qu’il s’est fixé – et qui risque de ne prêcher que les convaincus.
De Delphine et Muriel Coulin. Avec Vincent Lindon, Benjamin Voisin, Stephan Crepon… Durée 1h58. Sortie le 22 janvier 2025
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