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Après le képi des facteurs et celui des douaniers, Dany Boon endosse l’uniforme du Raid pour assurer la sécurité du public français. Circulez y a rien à voir ? Pas si vite : cette fois-ci, il n’est plus au centre du dispositif. Ce n’est plus Dany la star, mais Alice Pol, jolie brin de fille allongée dont la maladresse et l’élasticité bizarre lorgnent ici vers l’humour clownesque de Pierre Richard. Boon lui offre les vingt premières minutes de son film (un one woman show qui enchaîne les gags physiques et change constamment de registre) et la regarde comme Pygmalion sa muse. On la voit gesticuler, grimacer, gaffer, bafouiller, chuter à répétition avec une énergie hallucinante. On frise l’overdose, jusqu’au moment où Boon rentre en piste. En s’offrant le rôle de l’Auguste (un flic dépressif, taciturne, misanthrope et misogyne) face au clown blanc, il fait décoller Raid Dingue. Alors qu’on le connaît surtout dans le rôle de l’hystérie (sur scène et dans ses films), il est ici tout en maîtrise, dans un registre plus sombre que d’habitude, laid back, et il est réellement drôle et fascinant à regarder. Le rôle (bête et méchant) confirme après Radins ! que Boon s’éloigne un peu plus de ses avatars de benêts façon Bourvil, pour assumer l’héritage de De Funès, à la fois dans son jeu et dans son choix de personnages plus acariâtres. Après ? Le film fonce avec l’arrivée maboule du personnage d’Yvan Attal, terroriste d’Europe Centrale qui finit déguisé en trav et file des torgnoles à son « ami ». Raid Dingue devient une succession programmatique de poursuites, de cascades et de gags progressant jusqu’à un final (la destruction de Vaux-Le-Vicomte) beau comme un quatorze juillet.