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Depuis son premier long métrage, "A Swedish Love Story" (1970, inédit en France), Roy Andersson n’en a tourné que quatre, les trois derniers au rythme d’un film tous les sept ans. Celui-ci est le troisième volet d’une trilogie débutée avec "Chansons du deuxième étage" (2000), qui a permis au cinéaste de mettre au point une formule indéniablement originale caractérisée par une narration fragmentée, une inspiration surréaliste et un style visuel obéissant à des règles strictes : tournage en studio, caméra fixe, plans-séquences, composition asymétrique, photo au grand angle, profondeur de champ infinie, couleurs désaturées avec une dominante beige. Le résultat est si singulier qu’il faut un temps d’adaptation au spectateur, même si Un pigeon… est probablement son œuvre la plus accessible. Il commence par une série de sketchs plus ou moins comiques sur le thème de la mort, avant qu’une sorte de fil rouge ne se dégage grâce à ces deux personnages, tristes clowns vendeurs de farces et attrapes. Derrière l’humour froid et les disputes de vieux couple, ils révèlent des bribes d’humanité en confiant leurs angoisses métaphysiques. À défaut de continuité narrative, le film trouve une sorte de rythme dans les ruptures de ton, les changements de décors et les superpositions d’époques, comme lors de cet épisode absurde où Charles XII, en route pour la guerre avec son armée, fait une halte dans un bistrot contemporain. L’ensemble relève du collage et il faut reconnaître à Andersson un vrai talent poétique pour trouver de l’harmonie dans la monotonie, des variations dans la répétition et des résonances dans les leitmotivs.
Toutes les critiques de Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Les aficionados du cinéaste suédois seront peut-être déçus de l'aspect moins fabriqué et inventif de la mise en scène. Pour les autres, c'est le moyen de plonger et de remonter le fil du temps.
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Même s’il témoigne d’une tendance à l’abstraction plus nette que par le passé, ce Pigeon mérite bien d’être couvé.
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Pour ne pas se laisser contaminer par ce comique désespéré, il faut donc se persuader qu'il existe un contrechamp à cette misère. Se souvenir surtout qu'un pigeon peut philosopher sur l'existence en changeant parfois de branche et, même naïvement, s'émerveiller au début du printemps.
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De longs plans fixes dans lesquels les personnages évoluent comme des pierrots lunaires sont la marque de fabrique du réalisateur. On est constamment bluffé par la beauté de ses cadrages évoquant des tableaux animés.
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Les saynètes se succèdent, poétiques, drolatiques, énigmatiques. Et nous voilà, nous spectateurs, transformés en visiteurs d'une étonnante exposition...
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Des sketchs drôles et cruels.
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Une œuvre sensible, provocante par de nombreux aspects, mais qui démontre l’engagement, l’ingéniosité et la maîtrise de la mise en scène d’un réalisateur au style cinématographique unique.
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Si vous êtes habitués aux œuvres de Roy Andersson vous savez à quoi vous attendre, dans le cas contraire vous risquez d’être surpris ! Ce film à sketches n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’univers si particulier des Monty Python.
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En choisissant de faire de ses idées des récits portés par le temps, Andersson ne fait que rallonger des plaisanteries qui eussent mérité d’être courtes, laisser son propos draguer plus d’importance qu’il n’en a réellement, et transformer sa démarche en prétention peu défendable – et la reconnaissance festivalière et cinéphile que celle-ci attire malgré tout n’arrange rien.
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Les cinéphiles avertis, amateurs de curiosités, auront des raisons d’apprécier. On ne saurait pour autant conseiller ce "Pigeon" philosophe – allusion à la scène d’introduction – au spectateur en recherche d’une bonne séance pour le week-end.
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Fonctionnant au comique de répétition, inspiré par l’oeuvre de Tati, le cinéma d’Andersson est plus ou moins drôle selon les séquences, un peu comme la vie.
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L'immobilité de la caméra devient rapidement contraignante. Même si les acteurs, remarquables, donnent beaucoup d’humanité aux figures qu’ils incarnent, un rythme s’imprime. Qu’aucune rupture ne viendra déranger.
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C’est non seulement laid moralement, mais aussi physiquement. (...) un cinéma sans âme, où les personnages ne sont que des marionnettes agitées par un misanthrope psychorigide.
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Ce petit théâtre grinçant et sardonique, peuplé d’une galerie de pantins blafards, repeint le monde sous des teintes glauques pour ne retenir de la nature humaine que ses aspects les plus mesquins.
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L’intitulé de cette future tétralogie est bien le seul trait vaguement cocasse que l’on retient de ce troisième volet, tant tout y pue la mort et le rassis, et tant la vie paraît abstraite à cette peinture d’une humanité zombifiée, toute de grincements et de vignettes sous vide (37 en tout).
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L’image est sublime, mais cet ensemble de saynètes relève du procédé et est inégal, l’humour absurde irrésistible du début cédant la place à des récits anecdotiques manquant cruellement de rythme et qui tournent en rond.