Le film de Jacques Audiard n'a pas gagné le prix tant attendu par l'industrie tricolore. Pire, il devient l'un des plus gros "losers" de l'histoire de la cérémonie.
La malédiction du cinéma français à Hollywood continue. Après 32 ans de défaites, de déconvenues et de déceptions, on pensait que la France allait enfin pouvoir lever les bras et inscrire, à nouveau, son nom au palmarès du Meilleur film étranger (devenu Meilleur film international). Une statuette qui fuit curieusement l'industrie tricolore depuis la victoire d'Indochine, en 1993.
Surtout, après le gros loupé Anatomie d'une chute en 2023 (qui aurait certainement remporté le prix s'il avait été choisi par la France pour concourir à la place de Dodin Bouffant, désigné par le comité de sélection de l'époque), on était tous persuadés qu'Emilia Pérez allait pouvoir effacer cet acte manqué et briser le mauvais sort. Hélas...
Hier soir, sur la scène de Los Angeles, Pénélope Cruz a appelé Je suis toujours là, de Walter Salles, récompensant le Brésil. Énorme déception pour le film de Jacques Audiard, qui faisait figure de grand favori et avait remporté le Golden Globe en janvier dernier. Oui mais voilà, il y a deux mois, la polémique Karla Sofía Gascón n'avait pas encore eu lieu.
Le fin de campagne du film français a été catastrophique outre-Atlantique. Avec l'image de sa grande star écornée, Emilia Pérez n'a pas su rallier les votes au moment fatidique, et les membres de l'Academy ont ainsi privé la comédie musicale d'une statuette qui lui semblait pourtant promise... Rien ne garantit qu'Emilia Pérez aurait gagné, sans polémique. Mais - signe que les votants avaient peut-être une dent contre le film français - ce matin, le film de Jacques Audiard entre dans l'histoire de la cérémonie parmi les plus grands perdants des Oscars !
Nommé à 13 reprises, Emilia Pérez n'a gagné "que" 2 statuettes et a donc perdu dans 11 catégories ! Record égalé. Il devient le film ayant subi le plus grand nombre de défaites au cours d'une soirée, au même titre que Le Pouvoir du chien (1/12 en 2022), La Couleur pourpre (0/11 en 1986), Le Tournant de la vie (0/11 en 1977), Johnny Belinda (1/12 en 1949) et Becket (1/12 en 1965), qui avaient également échoué dans 11 catégories.
Seule Zoe Saldaña, gagnante désignée avant la cérémonie pour le Meilleur second rôle féminin (parce qu'elle joue en fait un premier rôle dans le film) et la formidable chanson de Camille et Clément Ducol l'ont emporté. De gros regrets, donc, pour Jacques Audiard, qui repart sans rien de cette soirée qui devait le consacrer. Le réalisateur français pourra se consoler avec ses 7 César de vendredi soir.
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