Mel Gibson
Pastime Pictures

L'ex-superstar de L'Arme fatale revient en salles avec Vol à haut risque, un petit film d'action aérien qui risque de passer sous les radars. Sa carrière est-elle en train de se crasher pour de bon ?

Il y a 8 ans, Mel Gibson était nommé à l'Oscar du Meilleur réalisateur pour Tu ne tueras point, magnifique film de guerre porté par Andrew Garfield. Des années après avoir été mis au ban d'Hollywood pour des propos antisémites et autres dérapages - dans la foulée du flop de l'incompris Apocalypto (2006) - le cinéaste semblait être revenu dans les petits papiers de l'industrie. Sauf que depuis, la carrière de Mel Gibson n'a jamais vraiment redécollé. Et 8 ans après Tu ne tueras point, le réalisateur tente de se relancer avec le tout petit Vol à haut risque, film d'action old school porté par Mark Wahlberg, qui sort en France ce mercredi (vendredi aux USA).

Mel Gibson s’approprie ce projet rigolo mais assez banal : une US marshal, son prisonnier et un tueur à gages sont coincés dans un avion au-dessus de l’Alaska. Un repeat anecdotique des Ailes de l’enfer (1997) qui risque fort de passer sous les radars. Mais comment le cinéaste acclamé de Braveheart s'est-il retrouvé à piloter ce vieux coucou ?



Ces dernières années, dans la foulée de la crise sanitaire, Mel Gibson n'a pas été en mesure de finaliser ses projets. Surfant sur le succès de Tu ne tueras point, il avait prévu de diriger un grand film de Second Guerre Mondiale, narrant la bataille d'Okinawa. Destroyer devait réunir un beau casting autour de Michael Fassbender, Jamie Foxx, et Peter Dinklage. Jerry Bruckheimer devait produire pour Warner Bros. Et puis la pandémie a frappé. Le projet Destroyer a été mis au placard. Et Mel Gibson s'est retrouvé à devoir cachetonner dans une multitude de films que personne n'a vu.

Second rôle en VOD et dans la série John Wick

Il y a eu On the Line (2022), Desperation Road et Confidential Informant (en 2023), ou encore Boneyard et Monster Summer (en 2024). De petites productions qui n'ont quasiment pas été distribuées dans les salles américaines et sont directement sorties en VOD. La plupart ne sont même pas arrivées jusque chez nous.

Le dernier rôle important de Mel Gibson, acteur, remonte ainsi à son apparition en méchant de The Continental, la série John Wick, produite par Lionsgate - qui distribue aussi Vol à haut risque

Alors sa carrière va-t-elle reprendre de l'altitude après ce thriller dans les nuages ? Rien n'est moins sûr !

The Continental
Universal

Ambassadeur de Donald Trump

Parce que Mel Gibson semble se laisser rattraper par ses vieux démons. Soutien de Donald Trump, il est sorti de son silence juste avant la présidentielle, pour tacler brutalement Kamala Harris : "Je sais ce qui se passera si nous la laissons entrer (à la Maison Blanche). Tout ça ne sent pas bon. Un bilan misérable. Aucune politique à proprement parler. Elle a le QI d’un poteau."

Une prise de position complètement à contre-courant du tout Hollywood, pro-démocrate. Surtout, ses prises de position ont eu tendance à dériver vers un conspirationnisme inquiétant. Mi-janvier, alors que sa maison brûlait dans la banlieue de Los Angeles, comme celles de dizaines de milliers de Californiens, Mel Gibson était interrogé par Fox News, et suggérait en direct que les feux auraient pu être sciemment déclenchés par on-ne-sait-qui, afin de chasser les stars de Los Angeles. "Je sais qu’ils ont perturbé les réserves d’eau. Ils ont fait ça pendant un moment. (...) Est-ce que c’est fait exprès ? C’est absurde de penser cela, mais une chose en entraînant une autre, on finit par se demander s’il n’y a pas un objectif derrière tout ça. Veulent-ils vider l’État (de Californie) ?" Sans vraiment préciser qui se cache derrière "ils".


Qu'importe. Le réalisateur de 69 ans semble avoir adopté la méthode Trumpiste et le nouveau locataire de la Maison Blanche l'en remercie, en le nommant officiellement Ambassadeur à Hollywood. Un émissaire spécial (avec Stallone et Jon Voight) avec "l'objectif de refaire d'Hollywood – qui a perdu beaucoup en quatre ans au profit de pays étrangers – un endroit plus grand, meilleur et plus fort qu'il ne l'a jamais été !" Un poste honorifique, mais pas que, puisque selon les dires mêmes du Président, Mel Gibson et ses camarades seront les "yeux et les oreilles" de Trump à Hollywood. Perturbant ? Pas pour Gibson, qui dit (dans Variety) avoir "entendu l’appel. Mon devoir de citoyen est d’apporter toute l’aide et les informations dont je dispose".

Ce bon vieux Riggs est donc désormais l'espion officiel du Président Trump, dans une industrie qui lui est défavorable... Dans ces conditions, comment imaginer qu'un studio lui fasse à nouveau confiance ?

Mel Gibson
Lionsgate

On sait par exemple que le réalisateur planche sur La Passion du Christ 2 depuis un moment, sans parvenir à le concrétiser. Le tournage, qui devait initialement démarrer en 2023, n'a eu de cesse d’être repoussé. Mel Gibson mise toujours sur un lancement de production en 2026. C'est ce qu'il a confié au podcast de l'ultra-conservateur Joe Rogan, décrivant sa vision de la Résurrection du Christ comme un "trip sous acide (...) qui doit commencer par la chute des anges, ce qui signifie que tu vas ailleurs, tu es dans un autre monde. Il faut aller en enfer. Il faut aller dans le Sheol. Du coup, il faut trouver la façon de montrer ça sans que ce soit risible ou trop évident."

L'Arme Fatale 5 et La Passion du Christ 2 pour briller à nouveau

La Passion du Christ 2 semble donc bel et bien être son prochain projet, a priori plus ambitieux que Vol à haut risque. Mais pourra-t-il réellement le monter avec les moyens suffisants ?

Et dans la foulée, pourra-t-il vraiment faire L'Arme Fatale 5 ? C'est évidemment LE film qui pourrait faire revenir Gibson sur le devant de la scène de cinéma. Sauf que l'idée circule à Hollywood depuis un moment, sans jamais devoir se concrétiser. Mel Gibson assurait pourtant en juin dernier qu'il en serait le réalisateur : "Richard Donner, qui a réalisé les quatre autres, est malheureusement décédé et il était un bon ami à moi. Il m’a, en quelque sorte, chargé de boucler la boucle avec ce film-là. Donc ce sera un honneur pour moi de le faire". Un script décrit comme "drôle" et "assez sérieux" et qui abordera "certaines thématiques difficiles" serait même déjà prêt. Mais Warner Bros. Pictures - qui possède les droits de la franchise - aura-t-il vraiment envie de se lancer demain dans ce genre de suite clinquante avec l'Ambassadeur Gibson en porte-drapeau ?