Le jeune acteur continue sa mue dans ce soap opéra médiéval et sombre signé David Michôd.
Hal, jeune branlotin et héritier du trône, doit succéder à son paternel, le tyrannique roi d’Angleterre Henry IV. Le poids du devoir sur les épaules, l’héritage familial en bandoulière, l’ado boutonneux devient un chef de guerre taciturne. Ce qui n’est pas du goût de Louis, Duc de Guyenne, dauphin français.
Pour son quatrième long-métrage, David Michôd se réapproprie cette histoire shakesperienne, bataille de roquets orgueilleux pour un royaume, en superposant trois pièces du dramaturge anglais grâce à un scénario de Joel Edgerton. Ce dernier, qui commence à se faire un nom en tant que scénariste, incarne également avec brio le vaillant guerrier Falstaff. L'acteur-scénariste transforme l’œuvre de Shakespeare en un soap opéra médiéval et sombre dans lequel Timothée Chalamet continue sa mue d’acteur. Son personnage, Hal, n’est jamais que la projection à l’écran de Chalamet : un minet se retrouvant au centre de l’attention, obligé de prouver qu’il est autre chose qu’une belle gueule. Un post-ado basculant dans l’âge adulte.
Timothée Chalamet a eu un début de carrière fulgurant. Un run assez incroyable enchaînant Interstellar (le fils de Matthew McConaughey, c’était lui), Call Me By Your Name (le film de la révélation), Lady Bird (plus bellâtre que jamais), Un jour de pluie à New-York (un avatar de Woody Allen plus vrai que nature) jusqu’à ce fameux Roi. Cette trajectoire, où se succèdent des rôles calibrés suivant pas à pas son évolution personnelle, était comme toute tracée.
Ne parlons pas de rôle de la maturité, Chalamet est encore (trop) jeune mais Le Roi est le déclencheur d’une certaine confirmation. Celle d’un acteur s’affirmant en même temps qu’il prend l’âge, affermant les espoirs placés en lui. Dans ce film historique, celui-ci écrase un à un ses partenaires de jeux en particulier la coqueluche (et futur rival ?) Robert Pattinson qui est en roue libre totale.
Timothée Chalamet est la seule attraction du film. Il vampirise chacune des scènes, casse le rythme parfois trop lancinant, subjugue par une prestance inattendue et une noirceur inespérée. Son personnage apparaît comme une embauche fantasmée de Paul Atréides, futur rôle dans la tant attendue adaptation de Dune réalisée par Denis Villeneuve. Une partition qui sera, là peut-être, celle de la maturité. Chalamet est mort, vive Chalamet !
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