Gustavo Santaolalla s’est imposé au fil des décennies comme un musicien, un auteur-compositeur et un producteur de talent. Sa carrière l’a conduit de l’Argentine aux États-Unis, puis à nouveau en Amérique latine, et lui a valu, outre l’immense respect de ses pairs, d’être récompensé aux Grammy Awards et aux Oscars.Né en 1952 à El Palomar, une ville située dans la grande banlieue de Buenos Aires, Gustavo Santaolalla a commencé à prendre des cours de guitare à 5 ans. Il a continué pendant cinq ans sans jamais apprendre le solfège. En 1967, alors adolescent, il a créé Arco Iris, dont il était l’auteur-compositeur, interprète et guitariste, avec Ara Tokatlián et Guillermo Bordarampé. Entre rock et folk latino-américaine, Arco Iris a sorti plusieurs albums – Arco Iris (1969), Tiempo de Resurrección (1972), Sudamérica o el Regreso a la Aurora (1972), Inti Raymi (1973) et Agitor Lucens V (1975) – avant que Gustavo Santaolalla ne quitte le groupe.Arco Iris, l’un des premiers groupes de rock argentins du début des années 70, était également célèbre pour son association avec Danais Wynnycka, un gourou spirituel avec lequel le groupe vivait en communauté, et son style progressif que l’on retrouve notamment dans l’opéra rock sorti en double CD « Sudamérica o el Regreso a la Aurora » et des représentations spéciales de l’album Agitor Lucens V accompagné par un ballet chorégraphié par la légende argentine Oscar Aráiz. Mañana Campestre reste le titre le plus populaire du groupe.Les autres membres d’Arcos Iris ont continué à se produire ensemble après le départ de Gustavo Santaolalla, qui a fondé un autre groupe baptisé Soluna, avec Mónica Campins et Alejandro Lerner, devenu depuis un auteur-compositeur et interprète reconnu. En raison de l’atmosphère étouffante qui régnait alors en Argentine, Gustavo Santaolalla, qui était la cible des autorités parce qu’il était musicien et qu’il avait les cheveux longs, a fui le pays pour s’installer à Los Angeles en 1978 – mais seulement après la finale de la Coupe du Monde, qui se déroulait cette année-là en Argentine.Il ne connaissait personne à Los Angeles et a dû reconstruire sa carrière en repartant de zéro. Inspiré par les mouvements naissants du punk et de la new wave, il a monté le groupe Wet Picnic, avec Anibal Kerpel, un compatriote expatrié. Le groupe a fait de nombreux concerts puis a sorti un EP chez Unicorn Records baptisé Balls Up (1982). La collaboration entre Gustavo Santaolalla et Anibal Kerpel a en outre donné naissance à une relation professionnelle prolifique et durable.En parallèle de ses activités au sein de Wet Picnic, Gustavo Santaolalla a continué à travailler en tant que producteur. León Gieco a été le premier artiste qu’il a produit. Le légendaire musicien folk argentin s’est en effet rendu à Los Angeles en octobre 1980 pour travailler avec Gustavo Santaolalla, qui a produit trois titres de l’album Pensar en Nada, sorti l’année suivante en Argentine, où il a connu un succès considérable. En 1981, il a composé la musique de Seule, elle danse pour le réalisateur Robert Dornhelm, et produit l’album de The Plugz intitulé Better Luck, sur lequel il s’est également produit. Deux morceaux de cet album ont été choisis pour la bande originale de Repo man d’Alex Cox en 1984. À la même époque, il a enregistré un album solo accompagné d’Alejandro Lerner au clavier, d’Alfredo Toth à la basse et de Willy Iturri à la batterie, intitulé Santaolalla (1982).Après plusieurs années à Los Angeles, Gustavo Santaolalla est rentré en Argentine au lendemain de l’élection présidentielle de 1983 qui a amené Raúl Alfonsín au pouvoir et fait souffler un vent de liberté et de justice sur le pays. Le producteur a alors retrouvé León Gieco pour un projet multimédia ambitieux baptisé De Ushuaia a La Quiaca (1985). Durant près de deux ans, León Gieco et Gustavo Santaolalla ont parcouru l’Argentine de la région la plus méridionale du pays (Ushuaia, en Terre de Feu), à la plus septentrionale (La Quiaca, à la frontière bolivienne). Au cours de leur voyage, ils ont enregistré des musiciens folk dans leur environnement. Pour faire fonctionner son équipement et produire ces morceaux, Gustavo Santaolalla a utilisé des générateurs électriques. L’album est une sorte de Cuban Buena Vista Social Club (1997), avec León Gieco dans le rôle de Ry Cooder.De Ushuaia a La Quiaca fut un succès à bien des égards. Il a donné naissance à plusieurs autres albums ainsi qu’à plusieurs programmes télévisés, et d’un point de vue plus personnel, il a permis à Gustavo Santaolalla de rencontrer sa femme, Alejandra Palacios, photographe sur le projet.À la fin des années 80, enhardi par le succès de De Ushuaia a La Quiaca, Gustavo Santaolalla s’est entièrement consacré à la production, et s’est tourné vers le Mexique, alors en pleine crise politique.Ces troubles politiques et culturels ont aiguisé la soif des Mexicains pour le rock à l’américaine, une tendance emmenée par Soda Stereo, un groupe très influent en Amérique latine à l’époque. Gustavo Santaolalla s’est donc mis à produire des albums de rock mexicains dont Y Los Hijos del Quinto Patio (1989) et El Circo (1991) de Maldita Vecindad, et El Diablito (1990) de Caifanes, largement inspirés par la scène rock hispanique florissante du moment.En parallèle, Gustavo Santaolalla a enregistré l’album rock solo Gas (1995) et l’album instrumental Ronroco (1998) avec les instruments à cordes de la famille du luth que sont le ronroco et le charango, traditionnellement fabriqués à partir de carapaces de tatous. Ronroco a séduit le producteur et réalisateur Michael Mann, qui a demandé à Gustavo Santaolalla s’il pouvait utiliser le morceau intitulé Iguazu dans Révélations (1999), avec Russell Crowe. Le titre accompagne une scène clé et non dialoguée du film.Grâce à Michael Mann, qui lui a ouvert les portes d’Hollywood, Gustavo Santaolalla a eu l’opportunité de travailler sur plusieurs bandes originales. La première fut celle de Amours chiennes en 2000, sortie en double CD. La bande originale comprenait des titres originaux de Gustavo Santaolalla ainsi que des chansons de grands artistes d’Amérique latine tels que Julieta Venegas, Café Tacuba, Control Machete, Illya Kuryaki and the Valderramas et Ely Guerra réenregistrées pour le film. Amours chiennes et sa bande originale ont suscité l’enthousiasme de la critique, et quelques années plus tard, Gustavo Santaolalla a composé la musique de 21 Grammes (2003), le deuxième long métrage d’Alejandro González Iñárritu. Après qu’Alejandro González Iñárritu lui a présenté le cinéaste brésilien Walter Salles, Gustavo Santaolalla s’est vu proposer de composer la musique de Carnets de voyage (2004). La bande originale du film lui a valu un BAFTA Award en février 2005, et peu après, il a remporté un Golden Globe et un Oscar pour Le secret de Brokeback mountain (2005).C’est une fois de plus grâce à une rencontre fortuite, cette fois-ci avec le réalisateur américano-taïwanais Ang Lee, que le compositeur a travaillé sur Le secret de Brokeback mountain. Après avoir lu le scénario du film, ainsi que la nouvelle d’Annie Proulx dont il est adapté, Gustavo Santaolalla a composé la bande originale avant même que le film ne soit tourné, une pratique assez rare à Hollywood. Ang Lee a ainsi pu l’étudier avant le tournage, ce qui l’a aidé à choisir les décors naturels du film. À sa sortie début 2006, le film a suscité la controverse autant que l’enthousiasme, mais ce battage médiatique autour du film a permis à Gustavo Santaolalla de retenir l’attention des journalistes, d’autant plus qu’il a remporté un Golden Globe pour A Love That Will Never Grow Old, une chanson originale interprétée par Emmylou Harris et coécrite avec Bernie Taupin, le parolier de longue date d’Elton John. En 2005, il a remporté le Latin Grammy Award du producteur de l’année, puis l’année suivante l’Oscar de la meilleure musique de film.Fort d’un Oscar et de plusieurs Grammy Awards, Gustavo Santaolalla a continué à travailler sans relâche. On lui doit notamment la bande originale de Babel (2006) d’Alejandro González Iñárritu. Pour conférer une atmosphère orientale à la musique du film, le compositeur a appris à jouer de l’oud, sorte de luth arabe. Pour son travail sur le film, il a remporté un second Oscar. Il a également composé la musique du documentaire réalisé par Miguel Kohan Café de los Maestros (2005), une version tango du Buena Vista Social Club. Il a utilisé son influence pour rassembler les plus grandes légendes du tango argentin sur le projet, dont EmiLio Balcarce, Carlos Garcia, Atilio Stampone, Jose Libertella, Osvaldo Berlingieri, Horacio Salgan, Leopoldo Federico, Virginia Luque, Lágrima Ríos, Alberto Podesta, Juan Carlos Godoy, Osvaldo Requena, Fernando Suarez Paz, Emilio de la Peña, Oscar Ferrari, Nelly Omar, Ubaldo de Lio et Mariano Mores – tous âgés de plus de 70 ans. Tous, à l’exception de Jose Libertella et Carlos Garcia, décédés entretemps, se sont produits au Teatro Colón de Buenos Aires le 24 août 2006. Walter Salles a produit le film et Gustavo Santaolalla le double CD intitulé Café de los Maestros qui a remporté le Latin Grammy Award 2006 du meilleur album de tango.Grâce à ses deux Oscars, le compositeur a continué à être très sollicité par le cinéma. Au cours des années suivantes, il a composé ou écrit des chansons pour pas moins de 8 films, dont Biutiful (2010) à nouveau pour Alejandro González Iñárritu, et Sur la route adapté du classique de Jack Kerouac par Walter Salles. En 2013, Gustavo Santaolalla a composé sa première musique de jeu vidéo pour The Last of Us, un jeu d’aventures post-apocalyptiques acclamé par les amateurs. En 2014, il a collaboré avec l’auteur-compositeur Paul Williams sur la comédie musicale adaptée du film de Guillermo del Toro intitulée Le Labyrinthe de Pan. Il a en outre composé la musique de Arrabal, une pièce de théâtre qui raconte l’histoire d’une petite fille à Buenos Aires dans les années 90 après la chute de la dictature militaire qui a vu « disparaître » 30 000 personnes dans les années 70. Il a également continué à se produire avec le collectif de tango fusion Bajofondo, tout en donnant des conférences et des master class. En juillet dernier, Gustavo Santaolalla a sorti un nouvel album instrumental intitulé Camino chez Sony Music Masterworks.
Nom de naissance | Gustavo Santaolalla |
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Naissance |
(73 ans) El Palomar, Morón, Buenos Aires, Argentina |
Genre | Homme |
Profession(s) | Compositeur, Musique |
Avis |
Biographie
Filmographie Cinéma
Année | Titre | Métier | Rôle | Avis Spectateurs |
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2020 | Finch | Compositeur | - | |
2017 | Derniers jours à Shibati | Compositeur | - | |
2017 | Eric Clapton : Life in 12 Bars | Compositeur | - | |
2017 | Tout nous sépare | Compositeur | - | |
2014 | Les nouveaux sauvages | Compositeur | - |