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Cela fait onze ans que Philippe Faucon prêche pour un Islam éclairé, intégré à la société laïque française et défenseur des valeurs universelles. Mais depuis Samia (sortie en janvier 2001), il y a eu le 11 septembre, l’Irak et une vague terroriste sans précédent qui a clivé le monde en deux camps, comme au temps de la guerre froide. Dans ce contexte tendu, La désintégration agit comme une désagréable mais nécessaire piqûre de rappel : en France, aujourd’hui, se joue un considérable enjeu de société. Faucon montre ainsi que l’intégrisme religieux fait son lit du sentiment d’injustice et d’exclusion ressenti dans certaines couches de la population, dont Ali (remarquable Rashid Debbouze, frère de Jamel) est un échantillon désespérant. Avec une précision clinique et un sens de l’ellipse redoutable, Faucon envoie un message sans équivoque à tous les politiciens, en cette année présidentielle décisive.
Toutes les critiques de La Désintégration
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Étrange cousin de "Four Lions" de Chris Morris, il partage avec lui la froideur du constat même si, étant français, il joue l'absurde plutôt que le ridicule, et le dérisoire plutôt que la dérision.
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(...) Ali, jeune de la banlieue lilloise et personnage principal du nouveau film de Philippe Faucon, va être détruit. (...) Faucon choisit l'épure et le quotidien pour nous parler de ces kamikazes contemporain. (...) La justesse de son film, au fond, c'est qu'il désigne son propos dans son rythme et dans sa mise en scène. Nulle accusation manichéenne, nulle excuse associée à tel ou tel personnage, ou telle ou telle situation (...) Formidable Rashid Debbouze, frère cadet du célèbre Jamel, dont-il se démarque avec une belle insolence.
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Le film de Philippe Faucon est passionnant pour la façon dont il témoigne d'une réalité douloureuse qu'on prend en pleine face.
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Si le film est largement tenu par un art du casting (le bouleversant personnage de la mère) et des acteurs au jeu concerné et précis, on comprend difficilement que Faucon ait voulu assister à ce point sur la séduction du mal, en allant chercher un personnage d'endoctrineur au charisme trop spectaculaire. (...) Il n'en reste pas moins précis et subtil (...)
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Etude de l'endoctrinement des cellules islamistes et ses victimes, La Désintégration prend le risque de la description hyper concise et des lieux communs. Une piste au didactisme plus fin qu'il n'y paraît pour un thriller en sourdine.
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Le mouvement rapide, elliptique, du film, montre l'emprise immédiate d'un discours extrémiste sur une jeunesse malléable, sans tomber dans une vision schématique. Il y a là matière à une juste réflexion.
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"La Désintégration", de Philippe Faucon, est une chronique fictionnelle de haute tenue (...). Tout cela (...) est filmé à hauteur d'homme avec un réalisme épuré, une justesse d'évocation, une manière remarquable d'aller, sans faiblir ni tricher, au bout de son propos.
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Avec un saisissant sens de l'épure, (...) Philippe Faucon ne parle finalement pas tant du terrorisme ou de l’islamisme que des failles d’un modèle républicain laissé en jachère par des années de politique irresponsable qui ont ouvert la porte à la violence.
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Auteur de beaux films intègres et consacrés aux musulmans de France, Faucon (...) n'a pas hésité à rendre [ses personnages] encore plus vraisemblables. Notamment en choisissant des acteurs tout aussi épatants que méconnus (...).
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Philippe Faucon, raconte cette "Désintégration", au propre comme au figuré, avec une grande limpidité. Trop, peut-être. Son film est un exposé implacable de la situation qui ne laisse guère de place à la polémique ou à la réflexion. Il aurait peut-être fallu plus de gras dans le récit afin de laisser les personnages exister, comme lors de scènes magnifiques avec la mère d'Ali, (...) Pour ces moments, et sa justesse, le film de Philippe Faucon est une indéniable réussite.
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La Désintégration, a l'intelligence de poser des questions au lieu d'asséner des réponses. Qu'est-ce qui pousse un homme à passer à l'acte terroriste ? (...) Faucon signe un portrait de l'inhumanité banale, servi par une mise en scène rigoureuse et une interprétation solide, d'où émerge Rashid Debbouze.
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Le réalisateur Philippe Faucon, a débarrassé son propos de toute fioriture. Il a filmé prés de l'os, en scrutant les visages sans perdre une miette de cette lente et fatale manipulation (...) Les comédiens sont tous saisissants.
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Frappé par la dérive de Zacarias Moussaoui, le terroriste français du 11-Septembre, Philippe Faucon, qui s’intéresse depuis longtemps à la question identitaire, tente d’expliquer dans ce film très ramassé comment l’exclusion et la discrimination associées à un habile endoctrinement peuvent conduire à un islamisme radical. Malgré quelques raccourcis, il évite la caricature et illustre de manière implacable la façon dont la désillusion peut mener à l’autodépréciation jusqu’au rejet d’un milieu, d’une société, d’un espoir. Les étapes de la chute de ces trois jeunes s’enchaînent dans une logique irrésistible grâce à un scénario d’une grande rigueur et à une interprétation d’autant plus remarquable que les comédiens sont des débutants (dont Rashid Debbouze, le frère de Djamel) et des non-professionnels.
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Trois jeunes Beurs de la région lilloise basculent dans le terrorisme islamiste, à force d'humiliations sociales et racistes. Le sujet est explosif et le réalisateur de "Samia" ne fait rien pour l'adoucir dans ce récit dense, tendu comme un arc, et filmé au rasoir.