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Alors que la question des populations « déplacées » occupe une place centrale dans le débat politique, ce long métrage sud-américain apporte sa pertinente et singulière pierre à l’édifice. On y suit une Colombienne forcée de fuir avec ses enfants – mais sans son mari disparu – la guerre civile de son pays pour s’installer dans une petite île au milieu de l’Amazonie. La première partie de Los Silencios raconte, tel un documentaire, le quotidien rugueux de cette nouvelle vie en exil forcé, les regards méfiants des autochtones... Puis, ce film qu’on croit longtemps purement réaliste s’aventure sur un terrain plus sensoriel, plus contemplatif en jouant avec l’allégorie du fantôme via le retour mystérieux de ce père prétendument mort. Le tout avec une fluidité qui ne rend jamais ce basculement artificiel et permet à la réalisatrice de faire rimer brillamment politique et poétique.