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À l’occasion de sa soirée exceptionnelle à la prestigieuse salle Gaveau, nous avons rencontré l’inénarrable Madame Raymonde (alias Denis D’Arcangelo). Avec sa gouaille légendaire, la dernière chanteuse réaliste de ce siècle a répondu à nos questions.Propos recueillis par M-C. NivièreVous êtes un peu un vestige du passé ?Que je m’applique à ne pas dater. Il est vrai que si j’ai survolé toutes les époques, je n’en ai pas moins gardé la même jeunesse. Le calendrier me donne 100 ans et mes jambes 40.D’où venez-vous ?Je suis la fille d’un bougnat et d’une chanteuse de beuglant. Ce qui m’a entraînée à fréquenter très tôt le monde des bistrots et de la chanson. J’ai exercé de nombreux métiers, dont celui du trottoir. De cela je ne peux pas parler, en revanche je peux le chanter. De cette vie riche, j’ai fait un spectacle de rue en trois épisodes : « Zone libre », « 1936, Madame Raymonde se paye des congés » et « Madame Raymonde, chef de gang ». Ce n’est que bien après, avec le Zèbre, que je me suis lancée dans le tour de chant.Le Zèbre, votre accordéoniste, est aussi un sacré personnage…Il est un révélateur, et moi je suis la plaque sensible… Ensemble, on fait un beau tirage… Je suis la page d’histoire et lui, il m’encourage à être dans le présent. La charge émotionnelle du spectacle vient du fait que nous représentons le XXe siècle d’avant 68.Vous quittez votre Vingtième Théâtre niché à Ménilmuche pour faire la Salle Gaveau et fréquenter les beaux quartiers.Je fais une incursion dans le monde des poules de luxe. Je ne serai pas la première à me « décanailler » voire à m’embourgeoiser. Piaf a fait Pleyel après sa tournée aux USA. Elle a même exceptionnellement quitté sa robe noire pour une blanche. Ça faisait plus chic…Et pour vous ce sera aussi la robe blanche ?J’en ai mis une pour la photo, mais pour la scène, je garde ma robe ! Je suis bien dedans. Elle est idéalement trop petite, et du coup, je passe mon temps à l’ajuster. Ce qui fait un beau jeu de scène ! Je ne vais pas me déguiser comme Piaf ! Et puis je gage que ce récital inaugurera ma tournée triomphale en Amérique.Vous savez que l’acoustique de Gaveau est assez exceptionnelle.J’ai découvert cela avec bonheur à la soirée donnée pour les 10 ans de scène du merveilleux contre-ténor Philippe Jaroussky. Une voix en or ! J’étais invitée à faire le ménage sur scène ! Bien sûr nous avons aussi poussé la chanson, mais pas que cela. Car Philippe, comme moi-même, a eu dans sa jeunesse une formation de violon. Donc, je sais l’effet que cela fait d’être sur la scène de cette salle de concert.Gaveau ne vous impressionne pas ?Effectivement, si la scène me fait plaisir, la salle me fait peur. Cela va être difficile d’avoir les gens dans les yeux…Et de leur offrir du jaja !Pas question de ça ! On est dans les beaux quartiers ! Je vais donc faire couleur locale, ma boisson sortira d’une théière…Avec quoi allez-vous nous enchanter ?C’est simple, je vais reprendre « Madame Raymonde exagère ». Cette soirée célèbre la sortie du DVD. Je l’agrémenterai avec quelques trouvailles du dernier spectacle « Mes plus grands succès… » qui m’ont bien plu. Et puis surtout, je vais intégrer mes invités surprises. Comme ils sont « surprises », je ne vous donnerai pas de noms, mais ce sont des vedettes… Il y aura aussi de vieux amis, des complices de toujours, comme Pascal Mary, Charlène Duval, Clémentine. Ils auront tous un truc à faire avec moi. Cela va être un boulot de préparer tout ça ! Surtout musicalement, d’autant plus que l’on passe de un musicien à trois, avec Patrick Laviosa au piano, mon Zèbre à l’accordéon et Isabelle Sajot au violoncelle… Presque un orchestre !Comment va la grande traqueuse que vous êtes ?Je ne mange plus, ne dors plus, ne b… plus, si, un peu ! Je me pique aux tiques comme les vieilles chiennes. Je psychotique !Et si vous nous parliez de votre ami Denis D’Arcangelo.Denis ! Que dire ! C’est une création qui serait mon double masculin. Oui, c’est moi avec des tabous. C'est un garçon vraiment sympa mais un peu trop timide. C’est amusant, mais quand Denis n’arrive pas à chanter des trucs, c’est moi, Madame Raymonde qui lui souffle. Il serait un peu perdu sans moi. J’ai une foule de spectateurs qui veulent m’inviter à dîner après le spectacle, j’essaye de les lui refiler, et il fait la fine bouche !Madame Raymonde à la Salle Gaveau>> Réservez vos places pour le spectacle !