Franck Gastambide
ARP Sélection

L’acteur et réalisateur des Kaïra, Taxi 5 et Validé est mis en cause par six femmes, dont trois avec qui il collaborait sur des tournages. Franck Gastambide nie en bloc et se dit victime de “calomnies”.

L'acteur, réalisateur, scénariste et producteur de séries et films à succès, Franck Gastambide (Validé, Medellin, La Cage) est accusé par six femmes de violences sexuelles, physiques et psychologiques. Mediapart cite également dix-sept témoins appuyant leurs dires. A l’exception de la comédienne Marion Séclin (Je vous salue salope: la misogynie au temps du numériqueDaddy Cool), les cinq autres femmes ont demandé à témoigner anonymement sur les violences qu’elles ont subi.

L’ancien dresseur d’animaux des plateaux de tournage a fait ses premiers pas au cinéma avec la création de la première web-série de Canal+, Kaïra Shopping (2009). En tant que réalisateur mais aussi acteur, il connaît un succès fulgurant avec Les Kaïra, puis Taxi 5 et Validé. Récemment, il a réalisé et joué dans le film Medellin sorti sur Amazon Prime et dans la série La Cage sur Netflix. 

Trois des six femmes sont d'anciennes compagnes de Franck Gastambide, précise d'emblée l'enquête diffusée au public le vendredi 21 février 2025. Trois autres sont des collaboratrices qui dénoncent des gestes et remarques qui se seraient déroulés lors de tournages. Alors que ses anciennes compagnes évoquent l’emprise de l'homme, les autres parlent du “pouvoir” de l'acteur dans un milieu comme le cinéma, avec des projets financiers d’envergure et des résistances au mouvement #MeToo encore profondes.

L'intéressé s'est immédiatement défendu, via un long message sur Instagram :

Marion Séclin, âgée d’une vingtaine d’années au moment des faits, raconte que : “Sans crier gare, et alors qu'on ne se connaît absolument pas, il a mis sa main sur le dossier de ma chaise et a commencé à frotter son sexe sur ma main en soupirant de plaisir. Sur le moment, je n'ai pas réagi, j'étais comme pétrifiée".

T’as le même regard qu’une meuf qui suce, sauf que toi tu l’as toute la journée.”, lance-t-il dans la même journée, au moment du repas.

 Franck Gastambide parle d’”une mauvaise blague” dont il a “honte”.

Ces actes se seraient déroulés sur le tournage de l’émission Le débarquement pour Canal+ en 2013. Franck Gastambide parle d’"une espèce d'euphorie où tout le monde faisait des vannes, peut-être dans une époque où on faisait moins attention". Il ajoute que c’était "peut-être" une tentative "de draguer d'une mauvaise manière".

Lors de l’avant-première de la série Validé, réalisée par Franck Gastambide, une seconde femme raconte qu'elle lui aurait fait la bise et qu'ensuite l’homme se serait glissé derrière elle et lui aurait "frotté les fesses avec son bassin pendant plusieurs secondes". “Ça m’a profondément choquée, notamment car on était dans un cadre professionnel”, livre-t-elle.

Pour le réalisateur, c'est “faux”. “Il y a mes producteurs, ma petite amie, toutes les lumières sont sur moi”, justifie-t-il.

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Enfin, toujours pour la série Validé mais cette fois-ci au moment du tournage de la première saison, une autre femme fait état de comportements déplacés. Elle raconte que l’acteur lui aurait envoyé un bon nombre de messages tout en lui proposant de se voir le soir.

J’ai eu peur de le vexer en n’acceptant pas ses avances. C’était stressant, j’avais peur des répercussions professionnelles, étant donné le rapport hiérarchique qui existait entre nous, dit-elle. Je ne pouvais pas lui dire cash que ces textos du soir me posaient problème.”

Franck Gastambide affirme que le tournage était terminé contrairement à ce qu'avance la jeune fille et l’un des acteurs de la série.

Trois anciennes compagnes ont aussi dénoncé les violences physiques et/ou psychologiques qu’elles auraient subi entre 2010 et 2021, chacune pendant plusieurs années.

Peu de temps après la mise en ligne de cette fameuse enquête de Mediapart, l’acteur s’est exprimé sur ses réseaux sociaux. Il dénonce un article “déclenché par les mensonges et la malveillance de personnes, qui, poussées par la frustration, me harcèlent, me menacent, et cherche à me nuire depuis plusieurs années”. “Ils ont cherché à interroger quiconque aurait quelque chose de négatif à dire sur moi, tout en laissant une rumeur se propager. De mon côté, je sais qui me veut du mal alors je me suis préparé.” poursuit-il.

Il raconte s’être rendu lui-même chez Mediapart, avec un dossier et des preuves pour “expliquer la véritable réalité des faits”. L’homme de 46 ans répète leur avoir livré des preuves “des menaces, des insultes odieuses et répétées contre ma mère, ma famille et moi-même” et “des témoignages de poches, de collaborateurs et d’ex-compagnes racontant l’emprise et les pressions que j’ai subies.” Il admet reconnaître “certaines maladresses” mais pas “des faits dont je n’ai aucun souvenir”.

Il conclut : “Ces journalistes ont choisi de s’arranger avec certaines réalités parce que l’envie de sortir un article sur une personnalité comme moi était bien trop forte.”

Ruggia, Depardieu, Bedos, Jacquot, Doillon : La vague #MeToo n’a pas fini de submerger le cinéma français. Les affaires de violences sexuelles à l’encontre d’hommes et de femmes du cinéma se révèlent au grand jour grâce à une parole libératrice incarnée par des figures comme Judith Godrèche, Adèle Haenel ou encore Juliette Binoche. Tous ces faits de violence remettent en question l’industrie du 7ème art et son fonctionnement à travers le pouvoir et l’emprise, notamment. Parallèlement, la symbolique de l’artiste reste encore très protégée et peine à se fissurer.

Moi aussi, de Judith Godrèche : Parler de #MeToo autrement [critique]