Queer Daniel Craig
A24

Après le frénétique Challengers, Luca Guadagnino décélère avec ce film qui déploie son lyrisme bien trop tardivement

L’œuvre de William S. Burroughs, aussi étrange et hallucinée soit-elle, l’est bien moins que les cinéastes qui se mettent en tête de l’adapter au cinéma. Après David Cronenberg et son Festin nu, qui de mieux que Guadagnino pour assurer la relève, lui qui a eu l’audace (ou l’indécence ?) de s’attaquer à Suspira et La Piscine. Il ne fait ici qu’une bouchée de Queer, récit des errances homosexuelles de Lee dans le Mexico des années 50 alors qu’il s’éprend d’un jeune apollon nommé Allerton. Mais ni l’esthétique léchée, ni la déchirante musique de Trent Reznor et Atticus Ross ne parviennent à sauver la narration paralysée par son propre chapitrage disparate. Dans la première partie, les deux protagonistes antipathiques se tournent autour dans un décor artificiel qui les transforme en figurines - bien qu’admirablement incarnées par un Daniel Craig troublant de langueur et le magnétique Drew Starkey. La deuxième se perd dans les méandres de l’addiction de Lee jusqu’à en éclipser l’amour désynchronisé que partagent les deux hommes. Voilà déjà 1h30 d’écoulée. Il faudra attendre le dernier chapitre pour que la magie opère : Lee et Allerton s'engouffrent dans la jungle à la recherche du yagé, une préparation hallucinogène, et s’adonnent à un intense rituel où les corps et les esprits fusionnent pour ne faire qu’un. Une séquence onirique qui teinte le reste du film d’une atmosphère aux accents surréalistes. Si seulement Guadagnino avait su s’y aventurer plus tôt.   

De Luca Guadagnino. Avec Daniel Craig, Drew Starkey, Jason Schwartzman… Durée 2h16. Sortie le 26 février 2025