Le film de Marie-Castille Mention-Schaer revient ce dimanche à la télévision.
Les Héritiers, de Marie-Castille Mention-Schaar, sorti en 2014 et porté par Ariane Ascaride , Ahmed Dramé et Noémie Merlant, sera sur vos petits écrans ce dimanche, à partir de 20h55 sur TF1. “D'après une histoire vraie. Lycée Léon Blum de Créteil, une prof décide de faire passer un concours national d'Histoire à sa classe de seconde la plus faible. Cette rencontre va les transformer.“ A l’occasion de la sortie du film, Première avait interviewé Ariane Ascaride, qui joue la professeure en question.
C’est la première fois que vous jouez une enseignante.
C’est vrai…
Lequel de vos profs vous a servi d’inspiration ?
Aucun.
Allons.
Non, vraiment ! Sincèrement, de personne. Je n’ai eu qu’un seul professeur marquant, c’était un homme, mon prof de philo en terminale… Et ma maîtresse de CP… Donc, vous voyez, ça remonte. Au siècle dernier (rires). Avec Anne Anglès, la vraie prof, on ne s’est rencontrées qu’à la veille du tournage. Je ne voulais pas reproduire quelque chose.
Pourquoi ?
Parce que ça n’aurait pas été juste. Je me suis demandé ce qui allait se passer quand j’allais me retrouver en face d’eux, de mes élèves de fiction. On a tourné dans l’ordre chronologique : le premier jour, c’était le jour de la rentrée. Et j’ai été très mauvaise. Je jouais un prof en général. C’était inintéressant. Il fallait que je trouve ce prof, ce personnage précis. On a dû recommencer toute la séquence. Je travaille en me mettant en danger.
C’est-à-dire ?
Il y a des gens qui font du saut à l’élastique, moi je fais du cinéma. Je suis incapable de dire ce que je vais faire juste avant de tourner. Je sais à peu près comment le personnage va agir, rien de plus. Mais au moment de la prise il faut que je sois le personnage, que je l’incarne.
Ca passe par quoi ? Par le costume, les accessoires ?
Non. Je fais le ménage dans ma tête. Je tourne dans le présent. J’attrape les choses qui se passent dans la prise. C’est intéressant dans Les Héritiers parce qu’il se passait des millions de choses pendant les prises, avec les gamins. Il y avait beaucoup d’impro. C’était un numéro de funambulisme : moi je devais réciter le scénario, et les gamins improvisaient. A partir de cette grosse prise d’impro, on en refaisait une en gardant ce qui marchait. Les gamins étaient hyper créatifs. Moi j’étais toute seule.
Ca ne se voit pas du tout à l’écran, cette opposition entre rigidité et impro…
Il y a une scène qui illustre très bien ça, c’est le cours sur la fresque de Torcello avec Mahomet aux enfers… Je peux vous dire que c’était sportif, ce jour-là. Je me suis rendu compte que j’étais incapable d’être prof pour de vrai. Et que j’arrêterais de parler sur les profs qui font grève, tout ça. (rires) Je pense que quand ils protestent c’est pour travailler dans de bonnes conditions. Mais quand ça marche avec les élèves, ça doit être extraordinaire. Anne m’a raconté ses projets avec ses élèves, ils vont travailler sur Jérôme Bosch, avec le Louvre… Elle est ébahie par les propositions que font les gamins.
Comme les jeunes acteurs du film.
C’est ça. C’est le message du film. Montrer qu’il y a des gamins formidables. Et qu’être prof c’est un sacerdoce.
Comme être acteur.
Ahah, c’est ça ! Il faut être fou pour être acteur, mais je ne crois pas qu’il faille être fou pour vouloir être prof. Il faut avoir envie de transmettre quelque chose.
Justement, en parlant de transmission, je me demandais si vous jouiez ce rôle en tant qu’actrice, sur le plateau. A transmettre le métier d’acteur aux jeunes.
Non, pas vraiment. Je les encourageais, mais je ne suis pas intrusive avec mes autres partenaires. je ne me permets pas de juger leur performance. Mais en-dehors du tournage, ils me racontaient leur envie de jouer, les castings qu’ils passaient… Je leur donnais plutôt des conseils pour ça.
Vous parliez de votre jeu comme quelque chose d’instinctif. J’ai quand même du mal à vous croire.
Ah non. Acteur, c’est un métier. J’ai des difficultés à expliquer mon métier, c’est ce que je voulais dire, mais c’est une vrai technique, exigeante. Il faut l’apprendre.
Comment ? Faites un peu la prof.
Allez faire du théâtre. Ca vous oblige à une rigueur. On y apprend la technique, quelque chose de fondamental, qui vous structure.
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