Le réalisateur kazakh est en compétition pour la Palme d'or avec Ayka, ou l'odyssée violente d'une immigrée perdue à Moscou.
Toutes les infos sur le Festival de Cannes dans notre dossier spécial
Salma Yeslyamova, l'héroïne d'Ayka, jouait dans votre premier film, Tulpan...
Oui, c'était donc un choix tout naturel pour moi. En fait c'est même plus que ça : le rôle a été écrit pour elle. Il a été conçu pour elle. Un rôle très, très compliqué. Seule Salma pouvait jouer Ayka. Personne d'autre.
Le film a été tourné à Moscou pendant une tempête de neige. Etait-ce un choix ou un accident météo ?
En fait, c'était notre choix. Au départ, dans notre scénario, Ayka se passait au printemps, au soleil, c'était une histoire assez lumineuse. Mais la neige est tombée est on s'est rendus compte que ça collait parfaitement au sujet. Ça apporte à l'histoire une autre dimension. La nature ne doit pas être une illustration visuelle dans un film, elle doit en faire partie. La tempête est une "anomalie" dans la nature, elle influence le comportement de tous les personnages dont Ayka. Elle change, elle se transforme à cause de cette anomalie, de cette neige surnaturelle... Dans les semaines qui suivent un accouchement, le corps d'une femme se transforme à cause des hormones. L'anomalie intérieure reflète une anomalie extérieure, et vice-versa.
Est-ce qu'Ayka est un film féministe, politique ?
Si on veut considérer Ayka comme un film féministe, je n'ai rien contre. Je n'y ai pas pensé au début. Je l'ai conçu comme un film sur la nature humaine en général. Je voulais montrer qu'un être humain peut bien tout planifier, négliger la base de sa nature humaine, mais la nature gagne toujours.
Ce Festival de Cannes est marqué par l'importance donnée aux femmes. Qu'en pensez-vous ?
Ce changement de société est tout à fait naturel. C'est tout à fait normal qu'une femme veuille défendre ses droits et rester l'égale de l'homme. On peut aimer ou ne pas aimer ça, mais c'est comme ça, c'est naturel. C'est un processus irréversible. Ayka parle d'une femme très, très forte, qui sait se battre, se défendre. Elle arrive à Moscou sans rien mais elle continue malgré tout.
Cannes 2018 : Ayka, odyssée brutale et glaciale (critique)
En compétition pour la Palme d'or au 71ème Festival de Cannes, Ayka n'a pas encore de date de sortie.
Commentaires