Presence : le retour gagnant de Soderbergh en salles [critique]

Après 7 ans d'absence sur les écrans français, il livre sa propre version du film de fantômes à travers une caméra subjective qui rend les angoisses d’une famille brillamment palpables.

Artiste hors pair, Steven Soderbergh est autant réputé pour sa Palme d’or obtenue à 26 ans (Sexe, Mensonges et Vidéo en 1989) que pour sa capacité à varier depuis les genres et les styles filmiques. Ayant réalisé ces dernières années plusieurs œuvres pour plateformes, il n’avait plus eu de film visible dans les salles françaises depuis Paranoïa en 2018…

Et l’attente est récompensée puisque le cinéaste revient en pleine forme avec Presence, une relecture personnelle du cinéma d’épouvante et de maison hantée, où une famille américaine (deux parents - joués par Lucy Liu et Chris Sullivan - et leurs deux ados) emménage dans une grande demeure au cœur d’une banlieue huppée… avant qu’une mystérieuse présence invisible ne semble observer la cadette.

L’originalité du dispositif formel consiste ici à filmer l’action entièrement du point de vue de cette présence fantomatique, si bien que la caméra subjective devient l’incarnation d’un personnage- esprit qui possède son propre tempérament. Déjà en proie à des angoisses et secrets de toutes sortes, la cellule familiale nous apparaît ainsi dans sa pleine intimité - et l’immersion est amplifiée par le fait que Soderbergh tienne lui-même la caméra.

La vive tension découle également du scénario de David Koepp (auteur de L’Impasse, Snake Eyes ou Panic Room), qui multiplie les pistes thématiques et déploie un malicieux labyrinthe d’insécurités contemporaines. Au-delà du coup de maître esthétique, Presence tend au final un éprouvant et fascinant miroir à l’Amérique de 2025.

Presence. De Steven Soderbergh. Avec Lucy Liu, Chris Sullivan, Callina Liang… Durée 1h25. Sortie le 5 février 2025