Ce qu’il faut voir ou pas cette semaine.
L’ÉVÉNEMENT
À BRAS OUVERTS ★☆☆☆☆
De Philippe de Chauveron
L’essentiel
Philippe de Chauveron revient avec le successeur de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, une comédie très limite et dépourvue d'imagination.
Eclaircissons d'emblée la polémique qui entoure le long-métrage, taxé de racisme sur les réseaux sociaux avant même d'avoir été vu : en sortant d'À Bras ouverts, il est compliqué de savoir si c'est le cas ou si le script est simplement d'une bêtise crasse. Mais un festival de clichés insultants sur les Roms, c'est une évidence.
François Léger
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PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ
POWER RANGERS ★★★☆☆
De Dean Israelite
Ressusciter sur grand écran les Power Rangers, ces combattants en tenue legging colorées qui domptent des dinosaures mécaniques et affrontent des monstres grotesques ne relève-t-il pas de la gageure ? Ont-ils la capacité de fédérer un nouveau public mais surtout celle d'exister aux côtés des armées de super-héros habituelles ? Étrangement, oui. Cette modernisation signée Dean Israelite, réalisateur du surprenant Projet Almanach en 2015, est un divertissement de qualité supérieure et une parenthèse appréciable entre deux films de super-héros lambda.
François Rieux
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LA VENGERESSE ★★★☆☆
De Bill Plympton
Lorsque l’ultra indépendant Bill Plympton a fini par jeter un œil sur le DVD de courts métrages que lui avait remis l’auteur de BD underground Jim Lujan, l’animateur de 70 ans a été emballé et a aussitôt proposé au junior une collaboration. Résultat, Lujan a imaginé une enquête délirante située dans une banlieue californienne emblématique, à la fois dépotoir de rêves brisés, creuset de comportements excessifs et réservoir d’imagerie americana. Après la destruction d’un repaire de bikers, un ancien catcheur devenu sénateur offre une prime à qui trouvera l’incendiaire suspectée, une strip-teaseuse qui a emporté avec elle un objet de la plus haute importance. À la suite du personnage principal Rod Rosse, un détective chauve assisté de sa mère, l’intrigue nous entraîne face à des chasseurs de primes sans scrupules, des bikers enragés et une secte de bigots armés ultra agressifs. En plus d’avoir écrit et dessiné les personnages, Lujan a fait les voix de pas moins de huit d’entre eux, et composé la musique punk funk. De son côté, Plympton a assuré la réalisation et s’est adapté au style de Lujan tout en conservant ses manières caractéristiques, son indépendance (le film est crowdfundé) et son sens de l’économie. La principale impression qui se dégage de cette collaboration improbable est celle d’une énergie inventive exubérante et débridée, au service d’une version animée et contemporaine des comics underground des années 60.
Gérard Delorme
CORPORATE ★★★☆☆
De Nicolas Silhol
À la manière de Jean-Marc Moutout (Violence des échanges en milieu tempéré et De bon matin), Nicolas Silhol s’attaque, pour son premier long métrage, à la problématique du mal-être au travail en adoptant pour sa part un point de vue féminin. Soit Emilie, une brillante directrice des Ressources Humaines placée face à sa responsabilité dans le suicide d’un collaborateur, humilié par la pression qu’on exerçait sur son poste. Qui est réellement coupable ? Elle ? Son patron ? Les collègues silencieux ? La chaîne de commandement dans la multinationale où tous travaillent en baissant les yeux ? Avec un souci de réalisme hérité d’un long travail d’enquête, Silhol pointe les défaillances individuelles et les responsabilités collectives et, au-delà, des méthodes de management de plus en plus inhumaines. De ce point de vue purement clinique et théorique, le film est une réussite. Côté fiction, le résultat est plus inégal avec, notamment, un dénouement qui frise la paresse. Dans le rôle principal, Céline Sallette impose sa présence tout en fragilité et en tons clairs-obscurs.
Christophe Narbonne
L’OPÉRA ★★★☆☆
De Jean-Stéphane Bron
Il y a quatre ans, Nicolas Philibert signait avec La Maison de la radio un grand documentaire, factuel et abstrait à la fois, sur une des grandes institutions culturelles nationales, Radio France. Au tour de Jean-Stéphane Bron de s’attaquer à un autre trésor de notre patrimoine : l’Opéra de Paris. Avec le même souci d’immersion et de (fausse) neutralité, le cinéaste suisse s’attache à décrire le fonctionnement huilé de l’endroit, de l’administratif au créatif, des cuisines à la scène. S’en dégage une impression de grande solidarité que les menaces de grèves ou les revirements soudains (celui de Benjamin Millepied, qui quitta brusquement son poste de directeur de la danse en 2016, au bout d’un an de mandat) n’entament jamais pleinement. On ne plaisante pas avec l’art semble nous dire le documentaire qui émaille ce propos de plans sur des repasseuses concentrées ou de rinçage consciencieux d’un impressionnant taureau, peint pour une séquence de ballet. Contrairement à La Maison de la radio, L’Opéra apparaît cependant décousu. Il ne fait qu’effleurer des portraits (la danseuse, l’apprenti baryton) ou ouvre des pistes (l’expérience de la mixité sociale) qu’il n’explore pas vraiment. Il est moins organique et incarné -le directeur est le « personnage » le plus romanesque du lot. Les deux heures passées au sein de la vénérable institution ne sont néanmoins pas perdues. L’implication de l’a direction (qui prend très à cœur sa mission de service public), l’enthousiasme des artistes, la qualité des créations sont des motifs de satisfaction et d’espoir que ce documentaire restitue avec la sincérité et l’énergie requises.
Christophe Narbonne
LES MAUVAISES HERBES ★★★☆☆
De Louis Bélanger
Un acteur endetté, avec la mafia aux trousses, se réfugie dans une maison perdue au milieu de nulle part. L’occupant des lieux se révèle un cultivateur de cannabis qui l’oblige à coopérer avec lui… Il y a beaucoup de choses énervantes dans cette comédie québécoise qui utilise des ressorts vieux comme le monde et pratique un faux humour second degré. L’arrivée d’un troisième personnage modifie cependant la comédie de caractères laborieuse en portrait attachant d’une famille de substitution joyeusement amorale rattrapée par la fatalité. Suffisant pour convaincre un peu.
Christophe Narbonne
LES SAUTEURS ★★★☆☆
De Moritz Siebert, Estephan Wagner, Abou Bakar Sidibé
Les deux réalisateurs allemands de ce documentaire ont eu la bonne idée de confier une mini-caméra DV à un migrant, confiné à la frontière maroco-espagnole, qui filme le quotidien du camp où il séjourne avec d’autres clandestins en puissance. En attendant un hypothétique passage en Europe, Abou (c’est son prénom) capte sur le vif des scènes mi-cocasses mi-tragiques qui traduise l’absurdité de leur attente beckettienne. Le montage est au diapason : au sacrifice écoeurant d’un coq (pour obéir aux impératifs d’un rituel) succèdent les premiers pas joyeux d’un ânon dans les travées, jonchées de détritus, du camp. Tout n’est pas aussi subtil. Le mélange des images d’Abou, de celles des réalisateurs et des caméras thermiques (qui surveillent la frontière) procurent moins de sidération que de confusion. Quant à la voix off d’Abou, elle manque de naturel. En l’état, Les Sauteurs s’avère néanmoins un témoignage précieux sur une réalité largement ignorée.
Christophe Narbonne
PARFAITES ★★★☆☆
De Jérémie Battaglia
Aux quatre coins du globe, l'itinéraire de l'équipe nationale de natation synchronisée du Canada qui se prépare aux qualifications des Jeux Olympiques de Rio. Sur le papier, le sujet pourrait provoquer quelques réticences, surtout pour ceux qui sont allergiques au sport ou ceux qui n'ont que peu d'intérêt pour cette discipline a priori obscure. Pourtant, Parfaites surprend par sa forme autant que par son fond. Avec une esthétique lyrique, Jérémie Battaglia montre l'envers du décor de la compétition, préférant suivre les nageuses dans leur entrainement quotidien implacable plutôt que le déroulé des épreuves éliminatoires. Au fil du documentaire, il capte, grâce à une narration millimétrée et rythmée, la motivation à toute épreuve de ces athlètes en quête de perfection et en proie à l'exigence.
François Rieux
PREMIERE A MOYENNEMENT AIME
HEIS (CHRONIQUES) ★★☆☆☆
D'Anaïs Volpé
Pia, 25 ans, doit retourner vivre chez sa mère. Un retour au bercail compliqué pour elle, beaucoup moins pour son frère jumeau, Sam, qui n'a jamais quitté le foyer. Pia décide de filmer sa mère et de comprendre d'où elle vient et où elle va. Un étonnant petit film, le premier d'Anaïs Volpé, qui fascine par son montage souvent audacieux. Légèrement prétentieux et pourtant très authentique dans son propos, Heis est malheureusement pétri de petites maladresses qui asphyxient l'émotion. Mais il y a indéniablement une grosse envie de cinéma chez cette jeune réalisatrice et comédienne dont il faudra suivre le parcours.
François Léger
PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ
LA CONSOLATION ★☆☆☆☆
De Cyril Mennegun
De Cyril Mennegun, on avait adoré Louise Wimmer, portrait de la misère sociale, sans misérabilisme, couvert de prix (dont le César du meilleur premier film). C’est dire si l’on attendait avec impatience son deuxième long métrage, qui raconte un double deuil, celui d’un jeune homme et d’une quinquagénaire étrangers l’un à l’autre mais liés par la défunte. À la limite de l’expérimental, La Consolation se passe quasiment de dialogues et mise tout sur le silence, l’image impressionniste et l’étirement des plans. Ce dispositif n’a d’audacieux que ses intentions, vite reléguées au rang de motifs poseurs qui masquent une certaine vacuité.
Christophe Narbonne
MASSILIA SOUND SYSTEM-LE FILM ★☆☆☆☆
De Christian Philibert
Entre festivals, apéros pastis-sardines et sessions en studio, les membres du collectif reggae marseillais Massilia Sound System, qui a récemment fêté ses 30 ans, se racontent. Pendant 1h30, ces ambassadeurs de la culture populaire provençale partagent leurs souvenirs de vieux briscards entrecoupés d’images d’archives et de lives, pêle-mêle, sans effet de mise en scène. Si les pionniers du reggae français livrent quelques réflexions politico-sociales, notamment sur l’industrie musicale, ce documentaire aux allures de carnet de bord plaira surtout aux inconditionnels du groupe.
Clara Nahmias
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