Jacques Audiard a reçu plusieurs César, ce soir, dont celui du meilleur film pour Emilia Pérez
Canal+

Avec 8 trophées en 12 nominations, Emilia Perez a régné sur une cérémonie où L’Histoire de Souleymane a fait mieux que résister. Alors qu’En fanfare et Miséricorde repartent bredouille

On ne sait évidemment pas encore ce qui adviendra dimanche soir aux Oscars. Mais la polémique liée aux tweets de Karla Sofia Gascon (dont la présence dans la salle a sans doute fait s’arracher les cheveux qui leur restent aux stratèges de Netflix de l’autre côté de l’Atlantique) n’a quasiment eu aucun impact hier soir sur le sort d'Emilia Perez - à l’exception sans doute de la catégorie meilleure actrice où Zoe Saldana n’a pas fait le plein des voix perdues par sa partenaire. Huit César sur 12 nominations dont meilleurs film, réalisation et adaptation. Jeu, set et match pour Jacques Audiard. Avec trois statuettes pour le meilleur film (il s’était déjà imposé en 2006 pour De battre mon cœur s’est arrêté et en 2010 pour Un prophète) il devient le co-recordman de la catégorie ex-aequo avec Alain Resnais. Avec 4 César du meilleur réalisateur, il n’a désormais plus devant lui que Roman Polanski et ses cinq trophées dans cette catégorie-là. A ce triomphe, on peut aussi associer le César du meilleur acteur pour Karim Leklou qu’Audiard avait fait débuter dans Un prophète.


 

Au fil de la soirée, face au raz de marée d'Emilia Perez, seul L’Histoire de Souleymane a un temps tenu la distance en nombre de Césars. Le film de Boris Lojkine s’impose de fait comme le deuxième grand vainqueur de la soirée avec 4 trophées dont celui de la révélation masculine pour Abou Sangaré, ceux du meilleur scénario et du meilleur second rôle féminin pour Nina Meurisse. La victoire de cette dernière, alors qu’elle n’a qu’une seule vraie scène dans le film, raconte bien – par-delà la puissance de son interprétation - l’amour des votants pour le film.


 

Miséricorde d'Alain Guiraudie (aucun César malgré ses 8 nominations) et En Fanfare (7 nominations mais un zéro pointé à l'arrivée) font partie des grands perdants de cette cérémonie 2025. Il faut croire que cette année, les votants n’ont pas voulu équilibrer ou partager les récompenses entre les différents films afin de mieux refléter la diversité de notre cinéma. On pouvait prévoir qu’Un p’tit truc en plus serait battu par Vingt dieux dans la catégorie meilleur premier film (bonus ultime, la victoire de la néophyte Maïwène Barthélémy en meilleur espoir féminin où Mallory Wanecque faisait figure de favorite). On pouvait imaginer que La Plus précieuses des marchandises de Michel Hazanavicius serait vaincu par le phénoménal Flow et repartirait sans César. Un peu moins que Le Comte de Monte-Cristo ne devrait se contenter que de deux Césars techniques (décors et costumes) ou que L’Amour ouf repartirait bredouille. Comme pour Le Grand bain où seul Philippe Katherine avait eu un prix, le salut de L'Amour ouf est hier soir uniquement venu du prix du second rôle rendu à Alain Chabat - aussi génial à l’écran que dans son discours


 

L’enthousiasme qui a salué l'annonce de prix est à rapprocher des cris de joie qui ont accompagné les lauréats des César des meilleurs actrices et acteurs. Un an après sa nomination dans Le Ravissement et 17 ans après son César de la révélation pour La Graine et le mulet, Hafsia Herzi s’impose pour Borgo de Stéphane Demoustier qui n’était nommé qu’à deux reprises. 

Hafsia Herzi a reçu le César de la meilleure actrice pour Borgo
Canal+

 

Et Karim Leklou a fait encore plus fort puisqu’il était le seul nommé pour Le Roman de Jim des frères Larrieu et a remporté son premier César pour sa première nomination comme meilleur acteur. Si Benjamin Lavernhe (En fanfare) et plus encore Pierre Niney (Le Comte de Monte- Cristo) paraissaient favoris, c'est lui, acteur discret, aimé du public comme de la profession, qui a été consacré hier. Son éloge improvisé de la gentillesse reste un beau moment de l'histoire des César. Alors qu’on vivait hier soir la cinquantième cérémonie, Isabelle Adjani et Michel Serrault restent donc les rois incontestés de ces deux catégories. Mais la relève est là et bien là.

Karim Leklou a reçu le César du meilleur acteur pour Le Roman de Jim
Canal+

A lire aussi sur Première

César 2025 : Alain Chabat cherche son discours

Le César du meilleur acteur dans un second rôle est attribué à Alain Chabat pour L'Amour Ouf.