On découvre ce jeune réalisateur belge, qui a eu envie de faire du cinéma après avoir le film de James Cameron au cinéma à l'âge de 9 ans, dans ce premier long sur un amour entre deux jeunes ados.
A quand remonte votre envie de passer à la réalisation ?
Anthony Schatteman : Aussi loin que je me souvienne, j’ai été un freak du cinéma. Il y avait énormément de VHS à la maison. J’ai donc regardé très jeune les Disney bien sûr mais aussi Matilda, Mrs Doubtfire, Jumanji, Jurassic Park, Edward aux mains d’argent... avec ma mère, mon frère. Mais surtout, dans ma famille, on a toujours eu une un caméra. Mon père a en quelque sorte documenté toutes nos vies. Vers 10 ans, je lui demandé si je pouvais la lui emprunter pour l’anniversaire d’une amie. C’est la première chose que j’ai tournée. Et à partir de ce moment, j'ai filmé toute ma vie, en dirigeant mes amis. Puis j’ai été diplômé de l’Académie royale des Beaux-arts de Gand et d’un Master en Études de Films et Arts Visuels de l’Université d’Anvers. Mais je dirai que ma vie a vraiment changé le jour où j'ai découvert Titanic au cinéma. Je devais avoir 8 ou 9 ans. Et de ce jour, j’ai su que je ferais du cinéma. Avec un tropisme hollywoodien qui fait qu’on a pu me regarder de haut dans mes études de cinéma où tout le monde ne jurait que par le cinéma d’auteur. Et puis, je me suis retrouvé là-bas avec mon meilleur ami Lukas Dhont quand il a été nommé à l’Oscar pour Close puis quand Young Hearts a été projeté à Los Angeles et New-York. Et j’assume totalement les influences hollywoodiennes de mon film.
Comment avez-vous rencontré Lukas Dhont ?
Lors de mes études de cinéma. On a fait nos premiers courts métrages au même moment. Et son film préféré est aussi Titanic ! (rires) On s’est aidé mutuellement dans l’écriture de nos scénarios. Et je peux même dire qu’avec Young Hearts, j’ai voulu faire en quelque sorte un film complémentaire de Close. Un autre point de vue sur une histoire d’amour entre deux garçons de 14 ans qui peut paraître similaire, inspiré en partie par ma propre histoire et tournée dans les lieux où j’ai grandi mais romancée. Une critique a dit : « Si Close vous a fendu le cœur, Young Hearts va vous le réparer ». Je n’aurais pas pu rêver mieux.
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Quand avez-vous commencé à écrire Young Hearts ?
En 2020 pendant le COVID. Lukas m’a énormément aidé pour le premier traitement. Mais le film a ensuite beaucoup évolué. Y compris sur le plateau. J’ai ainsi demandé à mes deux principaux jeunes interprètes Lou Goossens et Marius de Saeger de ne lire le scénario qu’une fois et je me suis ensuite beaucoup appuyé sur leurs improvisations
Comment avez-vous déniché ces deux jeunes comédiens qui font ici des débuts fracassants ?
Ca s’est surtout joué au feeling. La seule scène que je leur ai demandé de jouer fut vraiment à la toute fin de l’audition, pour vérifier l’alchimie entre eux qui aujourd’hui sont devenus les meilleurs amis du monde. Et à partir de là, on a passé beaucoup de temps ensemble. Je leur ai montré des films, on a fait du bowling… Je voulais qu’ils se sentent en confiance avec moi et jouent de la manière la plus naturelle possible. Et mon travail a été de les rassurer même quand je doutais.
YOUNG HEARTS: LA REVELATION D'UN CINEASTE A SUIVRE [CRITIQUE]Young Hearts se concentre sur ce qui se passe dans la tête de ces deux personnages, sur la manière dont ils vivent chacun de l’intérieur cette première histoire d’amour. On ne ressent pas vraiment la violence du monde extérieur, les regards homophobes que cela pourrait déclencher…
Oui car cette violence a déjà été brillamment traitée par de nombreux autres films. Voilà pourquoi j’ai voulu me concentrer sur le côté romance, que je n’ai pas voulu parler de sexualité ou la montrer. J’ai souhaité montrer ce qu’ils vivent en eux. L’extrême solitude qu’ils peuvent ressentir et qui transcende la question gay. En fait, j’ai voulu faire un film comme ceux qui m’ont marqué enfant, capable de parler à toutes les générations.
Quels sont ceux qui ont eu le plus d’influence sur Young Hearts ?
My girl avec Macaulay Culkin et Anna Chlumsky, l’un de mes films favoris, dans lesquels les personnages ont le même âge que ceux de Young hearts a été une influence majeure. Call Me by Your Name, Edward aux mains d’argent aussi. Mais on retrouve dans différentes scènes des clins d’œil à Titanic, à Moulin Rouge aussi bien qu’à La Petite Sirène. Tous mes films favoris sont présents d’une manière ou d’une autre.
Young hearts. De Anthony Schatteman. Avec Lou Goossens, Marius de Saeger, Geert Van Rampelberg… Durée 1h40. Sortie le 19 février 2025
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