Son remake Brick Mansions est rediffusé ce soir sur C8.
En 2013, Première avait rencontré plusieurs fois Paul Walker, sur le plateau de Brick Mansions, puis de Fast & Furious 7, avant son décès brutal le 30 novembre. A l'occasion de la rediffusion du film d'action de Camille Delamarre, ce soir à partir de 21h sur C8, nous republions ces différents entretiens.
Paul Walker bat un nouveau record sur YouTube
Montréal, 1er mai 2013. Camille Delamarre, protégé de Luc Besson pour qui il a monté Le Transporteur 3, Colombiana ou encore Taken 2, tourne son premier long au Canada. Comme son titre ne l’indique pas, Brick Mansions est le remake en anglais du Banlieue 13 de Pierre Morel, dont il reprend la trame (un flic est envoyé dans un ghetto futuriste pour récupérer un missile tombé entre de mauvaises mains) et l’acteur principal, David Belle, inventeur du parkour, qui saute cette fois de toit en toit en compagnie de Paul Walker. Nous n’en sommes qu’au deuxième jour de tournage, mais le comédien a déjà la gueule en sang, ainsi qu’un sourire qui semble indiquer que la satisfaction est au rendez-vous. "J’avais adoré l’original et j’étais immédiatement devenu fan de David, qui est un athlète incroyable, nous racontait-il entre deux prises. Je ne sais pas si vous le savez, mais Banlieue 13 est un film culte aux États-Unis. Ici, tout le monde connaît Luc (qui a écrit les scripts des deux films et les a produits), donc quand il m’a contacté pour jouer dans ce remake, j’ai foncé au rendez-vous. On s’est découvert une passion commune pour la biologie marine, la plongée, tous ces trucs-là... C’était fou. Comme si on avait potassé nos biographies respectives pour s’impressionner mutuellement. (Rire.) À l’époque, Luc cherchait un distributeur américain pour Brick Mansions et il m’avait dit que si on ne collaborait pas sur ce projet, on le ferait sur un autre. Un an plus tard, il m’a rappelé pour m’annoncer que les prises de vues allaient enfin commencer."
Jouer jusqu'au bout
Le fait que Paul Walker ait attendu un an pour jouer dans une production française dont le budget était très inférieur à son salaire habituel en dit long sur le personnage. "Les conditions de tournage n’étaient pas forcément confortables, surtout pour lui qui avait l’habitude des Fast & Furious, sur lesquels il ne travaillait que quatre heures par jour, avait une grande loge et n’arrivait que lorsque tout était prêt, raconte Camille Delamarre. Là, on devait se conformer à un cadre financier et à un temps de tournage bien déterminés. On ne pouvait pas espacer les moments où on avait besoin de lui, d’autant qu’il est pratiquement tout le temps à l’image. Par ailleurs, il devait donner beaucoup physiquement, alors qu’il s’était fait opérer d’un genou trois mois auparavant. Il a été hyper courageux car je lui demandais sans arrêt de courir en sachant que c’était douloureux. On le voyait d’ailleurs régulièrement finir ses journées en boitant. Parfois, je lui disais de lever le pied, qu’on pouvait utiliser sa doublure, mais il refusait. Il avait envie de jouer son rôle jusqu’au bout."
Montées d'adrénaline
Atlanta, 9 octobre 2013. Sur le plateau de Brick Mansions, Paul Walker nous avait confié qu’avec Vin Diesel ils poussaient afin que Fast & Furious 7, lancé à la hâte par Universal pour que le film sorte un an après le carton du sixième volet, revienne à une dimension plus modeste. Lorsqu’on l’avait retrouvé au milieu d’un décor monumental où se déroulait une fusillade épique qui nous avait obligé à porter des boules Quies, Walker avait reconnu son échec : "Je n’ai pas eu gain de cause, comme vous pouvez le constater". Ce qui ne l’empêchait visiblement pas de s’éclater. Après tout, Kurt Russell, qui avait rejoint la franchise dans le rôle d’un militaire s’alliant aux héros pour traquer le bad guy incarné par Jason Statham, était en train de défourailler à ses côtés. "J’ai grandi avec Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin (John Carpenter, 1986), que je regardais en boucle, donc je vis quelque chose d’assez dingue en ce moment", nous disait l’acteur en souriant, avant de décrire avec enthousiasme le boulot révolutionnaire accompli par l’équipe des cascadeurs sur ce septième volet : "Ils ont inventé un dispositif hallucinant qui recrée l’effet d’une chute libre. Vous êtes devant un fond vert, dans une voiture montée sur un système hydraulique, et lorsqu’ils l’actionnent, vous avez réellement la sensation de tomber dans le vide." Le comédien, adepte de sports extrêmes, parlait en connaissance de cause. "J’ai dû sauter en parachute une cinquantaine de fois, c’est un truc que je fais régulièrement. J’aime la montée d’adrénaline que ça me procure. Je ne m’en lasserai jamais."
Une star intemporelle
Impossible, à l’annonce de son crash fatal le 30 novembre dernier, de ne pas repenser à ces mots, les derniers que Paul Walker prononça lors de notre interview ce jour-là. "Quand j’ai appris l’accident, j’étais évidemment très choqué, d’autant que je me trouvais en salle de montage, se souvient Camille Delamarre. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé à dédier le film à mon acteur principal. Je vous laisse imaginer ce qu’on peut ressentir en apprenant une nouvelle comme celle-là lorsqu’on vient de passer trois mois et demi, du matin au soir, sur un tournage avec quelqu’un. Et quand en plus il s’agit de votre premier long... J’ai eu l’impression de perdre un proche." Si son travail sur Brick Mansions était terminé, Walker avait encore plusieurs semaines de prises de vues sur Fast & Furious 7 à effectuer. La production a dû être interrompue pendant trois mois afin que le scénario soit remanié pour offrir une conclusion digne de ce nom à son personnage, tout en conservant la majeure partie des scènes qu’il avait déjà mises en boîte. Initialement prévue pour juillet prochain, la sortie du film, elle, a été repoussée à avril 2015. "Paul était un mec en or, déclarait récemment Kurt Russell. Tout était cool chez lui. Il arrivait à un stade de sa vie où il commençait à être suffisamment à l’aise pour bousculer son image. Il semblait prêt à s’aventurer dans des choses plus audacieuses sur le plan artistique, et boum, rideau. C’est vraiment terrible." Un sentiment que partage Camille Delamarre, qui conclut : "Je suis sincèrement convaincu qu’en plus d’avoir une belle gueule et de vieillir extrêmement bien, il avait le potentiel pour devenir une star intemporelle, du calibre d’un Robert Redford pour notre génération". Too fast, too furious.
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