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On ne va pas mentir. La scène inaugurale des Couleurs de l’incendie fait craindre le pire. Un plan séquence qui montre ses muscles comme un écho à l’entame du Au revoir là- haut de Dupontel, dont il constitue la suite. Tout y sonne toc. Soit… le contraire de ce qui va suivre. Entamée avec l’inventif Un peu, beaucoup, aveuglément, la carrière de Clovis Cornillac réalisateur a eu tendance à ronronner depuis. Mais s’attaquer aux Couleurs de l’incendie lui redonne un coup de fouet en lui permettant de renouer avec ce qui constitue son ADN, son aisance sur le terrain d’un cinéma populaire au sens le plus noble du terme. Et en totale adéquation avec cette œuvre de Pierre Lemaître, riche en trahisons diverses et variées, où Madeleine Péricourt (Léa Drucker qui reprend le rôle créé par Emilie Dequenne) hérite de l’empire financier créé par son père, avant que la tentative de suicide de son fils ne change le cours de son destin et la conduise, victime de l’appât du gain de son entourage, à la ruine. Couleurs de l’incendie raconte sa chute brutale et sa longue reconstruction, suivant le fameux adage que la vengeance est un plat qui mange froid. Les rebondissements y sont parfaitement orchestrés, la mise en scène soignée et discrète loin du tumultueux geste inaugural (malgré des maladresses notamment dans la manière de faire vivre les scènes de la cantatrice campée par Fanny Ardant), l’interprétation impeccable (dominée par Léa Drucker, impériale dans ce personnage romanesque à souhait et Benoît Poelvoorde, magistral en amoureux transi mû en traître machiavélique). Mission accomplie.