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Faites le mur commence comme un historique génial du street art vu à travers les yeux d’un Français accro à son Caméscope. Jusqu’au moment où Guetta, inspiré par sa rencontre avec Banksy, décide lui aussi de s’emparer d’une bombe de peinture et rencontre un succès fulgurant. À tel point qu’on se demande soudain, sans pouvoir le prouver, si tout cela ne serait pas un gigantesque canular fomenté par Banksy pour ridiculiser le monde de l’art contemporain (ne pas rater les séquences où les gens s’arrachent les oeuvres ridicules de Guetta). Dans les deux cas, il faut absolument voir ce film unique pour le croire... ou pas.
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Au premier abord docu retraçant l’histoire du street art, Faites-le mur devient le portrait de Thierry Guetta un « artiste » opportuniste et culotté. Info ou intox ? On ne cesse de se demander si Guetta n’est pas une vaste fumisterie, un Borat de l'art contemporain. Comment ce type mégalo et sans talent a pu devenir l’un des street artist les plus prisés ? Le film n’apporte pas de réponse, mais met en lumière le monde hallucinant du street art et en creux, fait le portrait de Banksy, artiste génial et grand manitou de ce doc pas comme les autres. Un grand détournement artistique à ne pas manquer.
Toutes les critiques de Faites le mur !
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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En fait de révélation, le film montre Banksy la voix trafiquée et le visage masqué, dans de brèves interventions où il ne parle que de sa relation à un inconnu du nom de Thierry Guetta. Passé en quelques années de l'état de marchand de fripes à celui de coqueluche du marché de l'art, ce dernier est le véritable héros du film. Ce contre-pied n'empêche pas l'affiche de tenir en partie sa promesse. Et il n'est pas le seul dans ce documentaire qui jongle entre vrai et faux.
Digne descendant des situationnistes, Banksy a exposé, en toute illégalité, ses toiles à la Tate Gallery. Il a peint au pochoir sur le mur de séparation entre Israël et les territoires palestiniens une petite fille emportée dans le ciel par les ballons. Il a éventré à la hache des cabines téléphoniques londoniennes... Avec Faites le mur !, il étend ses talents au cinéma dans un geste conceptuel héritier de Duchamp et de Warhol. Hybridation entre documentaire, comédie, et canular, le film déplie autour d'une question centrale - "Qui est Thierry Guetta ?" - une multitude d'interrogations sur l'art d'aujourd'hui.
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Un pied de nez incroyable, qui se révèle finalement judicieux. D'abord, parce que Banksy peut ainsi tenir son pari : en parlant de lui à travers un autre, il conserve son précieux anonymat. Ensuite parce que Thierry Guetta constitue un bon sujet filmique : passionné autant que gaffeur, il est souvent hilarant. Enfin, parce qu'en voulant éloigner Guetta de la mise en scène, Banksy va, à ses dépens, faire de son fan numéro 1 un street-artist dans le vent, qui prend vite le melon : « Andy Warhol est mort, moi je suis là », claironne-t-il lors du vernissage de son expo mégalo. Cette ascension ultra-rapide aux allures de happening dans le L.A. hype des 2000's est racontée par Banksy comme une blague qui part légèrement en sucette. « Avant, j'encourageais les gens à faire de l'art. Maintenant je ne le fais plus trop », avouera-t-il, mi-amusé, mi-gêné d'avoir été complice de cette mascarade qui en dit plus long qu'un powerpoint sur la domestication par les musées et les billets verts d'un art venu des gouttières. Démontrant un solide sens de l'autodérision et du détournement, le docu de Banksy réussit à parler de street-art de manière idéale : provocante, drôle et iconoclaste.
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Géniale supercherie à la Gary/Ajar (ce M. Brainwash sort de nulle part et d’ailleurs existe-t-il vraiment ?), réflexion critique sur le marché de l’art et plongée nocturne dans les us et coutumes du street art, « Faites le mur ! » semble d’abord une gigantesque comédie à la « Borat ». Le film, absolument formidable, est présélectionné aux Oscars.
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Pourfendeur du snobisme ambiant, Banksy s'amuse à faire planer le doute. Info ou intox, vrai documentaire ou méga-canular, le film peut vivre sa vie dans l'esprit du spectateur selon ses envies et ses convictions. La voix ironique de Rhys Ifans (vu dans Coup de foudre à Notting Hill et Good Morning England) commente ce qui aurait pu être une hagiographie de Banksy, mais qui tourne plutôt à la comédie d'un homme capable de rire de lui-même et des autres.
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Voilà le premier « message » du film : alors que la plupart de ces graphistes « sauvages » - et Banksy le premier - ont pratiqué leur art comme de l'agit-prop, le commerce finit toujours par tout gâcher. Pas besoin d'être grand clerc pour voir la piètre qualité des travaux de Mr. Brainwash. Vieux débat : que vaut une oeuvre d'art ? Sa cote financière ou sa valeur esthétique ?
Mais la force du film est aussi dans le doute qu'il instille, peu à peu. Ce Thierry Guetta, montré comme un gentil naïf, prompt à renverser un pot de peinture ou à débiter des âneries, est-il vraiment l'auteur des oeuvres exposées ? Comme dans tout docu - mais plus que dans tous les autres -, le spectateur est amené à s'interroger sur ce qui est authentique et ce qui est fabriqué. Manipulation géante, trompe-l'oeil virtuose, Faites le mur évoquerait presque Borat : un certain art de démontrer les choses par l'absurde, une pirouette virtuose pour permettre aux « street artists » de continuer à travailler dans l'ombre, créatifs et cachés.
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Tourner en ridicule le marché de l'art en nous faisant participer à la fabrication d'une supercherie médiatique, c'est le tour de force qu'accomplit Bansky avec un humour décapant. On en prend plein les yeux et on en redemande.
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De la clandestinité jusqu’aux expositions événementielles, Banksy suit pas à pas la dérive d’un art des rues totalement illégal vers un objet de spéculation récupéré par la société capitaliste. Très instructif.
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Faites le mur serait donc un canular. Serait. On ne sait trop qui met en scène ni quel crédit accorder à ce qui est montré. Bon, il y en a que ça amuse... Au-delà du flou et de ses effets de sens (le monde devient un écran de fumée, l'art contemporain une escroquerie, et autres clichés), glissons une hypothèse. Banksy nous présente un nouveau confrère, décrété par lui sans talent. Il désigne avec insistance, dédain et sans l'ombre d'un doute Thierry Guetta comme un plasticien calamiteux, propulsé néanmoins vers les sommets de la renommée. Que ce Guetta existe ou non (il semblerait que oui), qu'il soit conforme ou pas au portrait lourdement ricaneur qu'en donne le film, un message passe. Banksy trace une frontière nette entre les vrais artistes (comme lui) et les faux, les imposteurs avides, comme ce Thierry Guetta. Faites le mur, ouvert aux interprétations multiples, peut donc se lire comme le communiqué sentencieux d'un « street artist » ayant désormais pignon sur rue et qui défend son territoire, un peu comme une marque leader verrouille son marché... Faites l'impasse.