DR

On n'aura jamais vu autant de films en si peu de temps. Un record. C'est au moment où le festival est en train de s'achever (mais lentement) qu'on commence à se réveiller. C'est aussi la faute aux films. Pas question de dormir quand on va Jusqu'en enfer par exemple. Réalisateur de Spider-Man 1, 2 et 3, Sam Raimi revient au genre horrifique via une petite histoire de malédiction tombée sur la tête d’une petite employée de banque. Petite blonde qui ne ferait pas de mal à une mouche, Christine Brown refuse un prêt à une vieille femme afin de faire ses preuves en tant que banquière sans scrupule. Malheureusement, la petite mémé se trouve être une gitane qui va la maudire. Pas de bol, le calvaire va durer 1h39 montre en main et passer par les pires sévices possibles et imaginables par un grand enfant porté sur le cra-cra.Loin d’être un retour au gore façon Evil Dead, Jusqu’en enfer est une comédie horrifique allant à cent à l’heure. De gags en gags, Raimi aligne les scènes avec savoir faire. Autant le dire tout de suite, c’est une récréation en regard des trois blockbuster gigantesques qui le propulsa dans la cour des très grands « money maker ». Mais dans le barnum cannois, l’absence de prétention et la très bonne facture de l’ensemble est un vrai plaisir. Ce qui ne fut pas le cas des autres longs.... Peut-être parce que les yeux sont dans les chaussettes. Pas plus tard qu’hier soir, Michael Haneke nous asséné son petit drame villageois censé expliquer la montée du nazisme et ce fut une épreuve. Non pas que le réalisateur ait été encore plus loin que dans Funny Games ou La Pianiste. Bien au contraire, l’autrichien se plonge dans un noir et blanc austère, « dreyerien » et livre un récit interminable, tortueux, seulement d’éclair de méchanceté ou de glauque. Ca, s’est pour la touche : « attention, le fascisme était déjà là dans l’éducation des enfants à l’orée du 20ème siècle ». L’idée est très vite compréhensible mais les plaisir de la narration ou du cinéma n’est jamais là.Après une bonne nuit de sommeil et un bon café, A l’origine de Xavier Giannoli fait l’effet d’un retour aux fondamentaux. Un personnage simple (un petit escroc), un projet ahurissant (qui va construire une autoroute pour relancé l’emploi dans une commune), une absence d’ambition formaliste pour se concentrer sur le message : le pouvoir des patrons, c’est de faire croire les gens en eux. Mine de rien, c’est un peu reposant et surtout plutôt agréable à suivre dans une compétition de haut vol d’un point de vue de la mise en scène (Antichrist ou Un Prophète, pour le pire et le meilleur des cas). On se demande un peu ce que Giannoli vient faire là mais son film ne déçoit pas. Il ennuie juste un peu à force de ne rien resserrer (2h30 tout de même). Venu il y a deux ans avec Quand j’étais chanteur qui avait le mérite de jouer avec la stature de Gégé, A l’origine est un film d’escroc touchant mais un peu enflé par ses ambitions. Bref, un petit café pour réveiller le critique bituré à la grande bibine d’auteur…