GALERIE
Le pacte

Primée pour son scénario au festival d’Angoulême, Yolande Moreau revient à la réalisation avec un conte aussi joyeux que mélancolique.

Sorti en octobre 2023, La Fiancée du poète est un film comme une parenthèse enchantée. Un film comme une déclaration d’amour poétique à ceux qui préfèrent les chemins de traverse aux grands axes. A (re)voir en ce mardi soir sur Canal +.

Dix ans après Henri, Yolande Moreau (César du premier long 2004 pour Quand la mer monte…, co- signé Gilles Porte) revient à la réalisation en solo. Et elle en tient le rôle central : une femme amoureuse de peinture et de poésie qui, serveuse dans une cafétéria, vit surtout de petits trafics. Une source de revenus qui ne suffit plus quand elle hérite d’une grande maison familiale qu’elle doit entretenir. Ce qui explique qu’elle décide de prendre trois locataires, bientôt rejoints par un quatrième homme, son amour de jeunesse qu’elle n’a plus depuis des années, faux poète mais vrai escroc.

La Fiancée du poète raconte avec une empathie, une poésie et une finesse infinies ce drôle d’attelage qui va s’improviser faussaires de tableau pour subvenir à ses besoins. Nulle place ici pour le pittoresque facile. Par son écriture (en tandem avec Frédérique Moreau), Yolande Moreau va au plus profond de ses personnages, met à jour leurs contradictions, les limites de cette vie en dehors des clous où l’utopie vient régulièrement se fracasser sur la réalité. Mais il y a un ton joyeusement mélancolique, une manière de raconter ce petit coin de province qui ne ressemblent qu’à elle. Et une bande de comédiens irrésistibles, de Sergi Lopez à Gregory Gadebois en passant William Sheller pour ses grands débuts au cinéma en prêtre adepte du travestissement qui, à ses heures perdues, joue du ABBA sur l’orgue de son Eglise ! Une sacrée équipe.

Bande-annonce :


William Sheller dans La Fiancée du poète : "J’ai adoré jouer… mais je ne suis pas près de recommencer !"