Affiches Films à l'affiche semaine du 19 février 2025
Pathé/ Diaphana/ SND

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
MERCATO ★★★☆☆

De Tristan Séguéla

L’essentiel

Un thriller rondement mené et documenté sur les coulisses du milieu du foot, porté par la composition étincelante de finesse et de justesse de Jamel Debbouze

Pour plonger dans le monde du foot, Mercato se concentre sur cette période des transferts où les joueurs ont le droit de changer de club et sur les négociations serrées entre les agents qui les représentent et les dirigeants des équipes prêts à les vendre ou à les acquérir. Son personnage central est un de ces agents, Driss qui, sommé de réunir une somme d’argent importante pour épurer ses dettes, a 7 jours pour parvenir à ses fins en réalisant le transfert d’un de ses joueurs. Mercato se vit donc comme un thriller d’autant plus prenant qu’il s’appuie sur une connaissance pointilleuse du milieu du foot. Mais son autre atout majeur est celui qui l’a initié et incarne Driss, Jamel Debbouze, par sa capacité de traduire tout à la fois l’humanité et la roublardise de son personnage, sans jamais tomber dans le piège de faire son Tchao Pantin. Une masterclass.

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

L’ATTACHEMENT ★★★★☆

De Carine Tardieu

Carine Tardieu (Les Jeunes amants) possède ce talent de traiter des choses les plus banales de nos vies (le couple, la parentalité, la famille…) en s’effaçant derrière ses personnages et ses récits ciselés.  Mais avec cette adaptation de L’Intimité d’Alice Fernay, elle franchit un nouveau palier. Sa première scène pourrait augurer d’une comédie. Sandra, quinqua indépendante, sans enfant et heureuse de l’être se retrouve à devoir garder celui d’un couple dont la femme part accoucher, Elliott. Le bébé naîtra mais la mère n’y survivra pas. L’Attachement va dès lors raconter l’impact de cette disparition brutale sur les vies de ceux qui restent et se révèle aussi brillant dans ce qui s’y dit que dans ce qui s’y tait. Dans cette manière d’affronter l’émotion de face sans forcer le trait et les larmes. A l’image de cette façon d’entraîner des comédiens de nature éruptive (Valeria Bruni- Tedeschi, Pio Marmaï et Vimala Pons) sur un terrain dont ils sont peu coutumiers : cette douleur intériorisée qui révèle des choses inédites d’eux.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

YOUNG HEARTS ★★★☆☆

De Anthony Schatteman

Un coup de foudre entre deux jeunes garçons belges. Un premier amour avec son lot de maladresses et d’emballements du cœur pas toujours bien maîtrisés… Difficile de ne pas penser au Close de Lukas Dhont devant ce premier long de son compatriote Anthony Schatteman. Une ombre qui aurait pu se révéler écrasante si Schatteman n’avait pas choisi un angle différent pour l’aborder. En l’occurrence le parti pris de se concentrer sur ce qui se passe entre ces deux garçons plutôt que sur des éléments extérieurs (homophobie ambiante…) qui viendraient mettre à mal leur relation. Young hearts appartient donc à cette famille de films qui cherchent la lumière au bout de chemin mais sans pour autant verser dans la mièvrerie, en particulier dans l’écriture de personnages riches en contradictions dont Schatteman ne cherche jamais à arrondir les angles artificiellement. Et avec un sens aigu du romanesque qui ne se dément jamais.

Thierry Cheze

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DIS- MOI JUSTE QUE TU M’AIMES ★★★☆☆

De Anne Le Ny

Mariés depuis quinze ans, Marie et Julien ont deux filles, une jolie maison au grand air et des situations professionnelles confortables. Mais l’historique amoureux du couple pousse Marie à ne pas toujours avoir confiance en elle. Et quand une suite de péripéties lui fait croiser la route d’un supérieur hiérarchique en apparence charmant, un piège amoureux va se refermer sur la mère de famille... À partir de cette trame évoquant un mélodrame ordinaire, Anne Le Ny (Le Torrent) livre en réalité un étouffant thriller psychologique traitant de manipulation et d’emprise. Si Élodie Bouchez est remarquable d’intensité émotionnelle face à Omar Sy, José Garcia ou Vanessa Paradis, le dernier acte du récit verse un peu trop dans le sensationnalisme. Mais le regard acéré de la cinéaste, autant sur les relations sentimentales que sur le monde de l’entreprise, emporte le morceau.

Damien Leblanc

SEPTEMBER & JULY ★★★☆☆

De Ariane Labed

September & July vous accroche d’emblée. Rien de spectaculaire pourtant. Juste un climat étrange, une certitude que, en dépit du calme qui règne, tout peut arriver à chaque instant dans la relation entre ses deux héroïnes, deux sœurs inséparables September et July. En adaptant un roman de Daisy Johnson avec une gestion fine des rebondissements elliptiques (cet événement mystérieux qui pousse ces sœurs et leur mère à se réfugier dans une maison de campagne isolée), Ariane Labed signe en effet un film tout en ambiguïtés. Celles qui dominent la relation entre ces deux sœurs, September repoussant régulièrement les limites de son statut de mentor en embarquant July dans une dérivée cruelle du jeu « Jacques a dit », avant que celle- ci ne finisse par gagner en autonomie. Par sa manière de jouer avec les formats (16 et 35 mm) d’un film qu’elle a voulu en pellicule, Ariane Labed épate par la pertinence de ses parti pris et sa capacité à ne jamais en dévier. Des débuts exaltants.

Thierry Cheze

LA FABRIQUE DU MENSONGE ★★★☆☆

De Joachim A. Lang

Dans les nombreux films consacrés à la seconde guerre mondiale, rares sont ceux centrés sur les figures du nazisme. Par peur de les voir humanisées via le prisme de la fiction, elles sont surtout cantonnées à des rôles secondaires ou parodiques. La Fabrique du mensonge constitue donc une forme d’exception puisque Joachim Lang y dresse le portrait de Goebbels, ministre de la propagande d’Hitler. Il le montre dans son quotidien (soucis de couple…) tout en décryptant ses méthodes de manipulation pour électriser les foules. Et en distillant toujours à bon escient des images d’archives pour accompagner sa fiction, rappelant ainsi en permanence les conséquences concrètes de ses actes. Avec comme le soulignent les mots de Primo Levi qui ouvrent et clôturent le film (« ça s'est produit donc ça peut se reproduire »), une volonté de raconter hier pour éviter que les mêmes causes produisent les mêmes effets aujourd’hui et demain. Mission réussie.

Thierry Cheze

IT’S OKAY ! ★★★☆☆

De Kim Hye-young

Orpheline depuis peu, une jeune Coréenne tente de garder la tête hors de l’eau entre les difficultés financières, les exigences de son école de danse traditionnelle et les chamailleries avec ses camarades. Au fil de ses tracas quotidiens (qui frôlent parfois le pathétique), elle arrive à capter notre sympathie et à dessiner une personnalité aussi attachante que riche. Teinté d’humour et de légèreté malgré les thèmes qu’il aborde, ce récit de passage à l’âge adulte charme par sa spontanéité et sa simplicité.

Bastien Assié

LES FILS QUI SE TOUCHENT ★★★☆☆

De Nicolas Burlaud

À 50 ans, on lui détecte une anomalie de l’hippocampe, petite région cérébrale qui sculpte les souvenirs. Si Nicolas Burlaud n’est plus en mesure de résister à l’effacement, son travail le peut : images médicales et archives documentaires de son engagement au sein d’un média marseillais se confondent grâce à un montage ludique, tissant des liens entre mémoire individuelle et collective. Une œuvre d’une grande générosité, puisque celle d’un homme qui nourrit notre hippocampe tandis qu’il renonce au sien.

Lucie Chiquer

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

BRIAN JONES ET LES ROLLING STONES ★★☆☆☆

De Nick Broomfield

Brian Jones : gamin anglais fou de blues, fondateur des Stones, dandy sixties ultime, mort dans sa piscine en 1969… Le rockumentariste Nick Broomfield (Kurt and Courtney) rouvre le dossier du Stone maudit. Malgré la promesse d’un angle fort (Jones vu comme la victime sacrificielle d’une guerre entre générations), son doc se contente en fait d’égrener les grands chapitres de la vie de Brian. On est heureux de revoir les compagnons de route et de débauche (la chanteuse Zouzou, le Prince Stash...), moins que ceux-ci soient saisis dans des interviews Zoom aux cadrages peu flatteurs. Les interventions de l’ex-bassiste Bill Wyman, qui met en avant le génie de Jones en mimant la guitare slide de Little Red Rooster ou la flûte de Ruby Tuesday, frôlent le comique involontaire. Quant à l’absence de mention de l’album world pionnier The Pipes of Pan at Joujouka, elle tient carrément du crime de lèse-satanic majesté.

Frédéric Foubert

WHEN THE LIGHT BREAKS ★★☆☆☆

De Runar Runarsson

Le cinéma permet une vie en accélérée. Ainsi la jeune Una de ce When the light breaks va se réveiller amoureuse et presque aussitôt apprendre à faire le deuil de ce qu’elle croyait éternel. Elle va ensuite tenter de partager sa peine et connaître des vents contraires. C’est beaucoup certes, pourtant le présent long-métrage de l’islandais Runar Runarsson (Sparrows) parvient à imprimer une gravité sans se départir d’une douceur paradoxale. Il garde en tête l’image idyllique d’un contre-jour ensoleillé où les amants devenus silhouettes se dessinent au-dessus des rochers face à la mer. Une image presque arrêtée que tout le récit viendra contrarier mais dont le souvenir s’imprime durablement. Et ce, alors que les fracas du réel tentent de tout recouvrir. Pour Una, ce chemin de croix a valeur de roman d’apprentissage. Cela n’empêche pas l’ensemble de nous engourdir comme si la petite musique du récit était déjà connue.

Thomas Baurez

 

Et aussi

Avec ou sans enfants ?, de Elsa Blayau

Break of dawn, de Tomoyuki Kurokawa

The Monkey, de Osgood Perkins

Les reprises

Buffalo Bill et les Indiens, de Robert Altman

Quatre nuits d’un rêveur, de Robert Bresson

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