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James Gray avait déjà utilisé des éléments de mélodrame auparavant, mais jamais autant que dans ce dernier film qui pousse à fond tous les curseurs de l’émotion pour raconter l’interdépendance tragique d’une immigrante polonaise et d’un manipulateur invétéré. Dans un New York hivernal et confiné (magnifiquement rendu par la photo de Darius Khondji), Ewa est comme un poisson hors de l’eau. C’est une étrangère en milieu hostile à laquelle Marion Cotillard apporte ce qu’il faut de dureté et de vulnérabilité. Et si Bruno (Joaquin Phoenix, en mode Brando) profite de cette faiblesse, lui-même est plus lié qu’il ne le voudrait à sa protégée. Avec une virtuosité impressionnante, le réalisateur révèle progressivement la nature perverse de cette relation qui n’ose dire son nom. De même que la prostitution est déguisée sous les apparences de la pantomime et du théâtre de rue, chacun ment ou joue un rôle, jusqu’à ce que les masques tombent. Une scène cruciale et bouleversante, qui voit Bruno espionner Ewa en train de se confesser, souligne cette valeur très catholique du pardon, qui veut qu’aucun crime, aussi odieux soit-il, ne prive son auteur du droit au rachat. Malgré ses actes, Bruno reste touchant jusque dans sa nature. C’est un salaud doté d’une conscience morale et le remords qui le ronge lui tient lieu de châtiment. Cette fable sur la chute et la possibilité d’une rédemption s’achève sur un inoubliable dernier plan merveilleux d’ambivalence.
Toutes les critiques de The Immigrant
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Marion Cotillard dans une des (...) irréprochables performances dont elle est coutumière.
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Si Marion Cotillard doit "rester" pour un rôle, ce sera pour celui-ci (...) "The Immigrant" est inoubliable (...).
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Des questions, infiniment contemporaines, hantent le film jusqu’à son terme : un brillant faux split-screen qui déchire le plan, renvoie la bête à son obscurité puis élance la belle vers un horizon apaisé. Et nous laisse terrassé par la majesté si tranquille d’un cinéaste au sommet.
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Dans le rôle d’Ewa, Marion Cotillard, magistrale. Et dans celui de Bruno, un habitué des plateaux de James Gray, Joaquin Phoenix, qui passe de l’ombre à la lumière dans une scène de confession édifiante. Plus qu’un vent, c’est une rafale de mélancolie qui souffle sur «The Immigrant». Préparez vos mouchoirs!
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La photo du film est magnifique et James Gray signe des plans d’une grande virtuosité. Joaquin Phoenix, acteur fétiche du metteur en scène, est brillant, mais Marion Cotillard lui vole la vedette. Vulnérable, abattue, battante, elle est exceptionnelle dans cette fable sur la chute et la rédemption.
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un film qui se déploie presque sournoisement, sans la moindre explosion, mais qui se gorge à chaque plan d’une morbidité tragique, poisseuse tout en donnant aux personnages une majesté indéniable. Belle source d’envoûtement qui a toujours irrigué l’œuvre de James Gray et qui trouve ici une forme d’aboutissement. Ce n’est pas rien, vraiment, c’est même mieux que pas rien : grand.
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Mélo vibrant, bouleversant, filmé de manière très classique par un James Gray tout en nuances dans la description de l’époque, le film vaut aussi par la remarquable performance de Marion Cotillard dont l’accent polonais est incroyable.
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La reconstitution d’époque est impressionnante, grâce à la minutie du travail sur le décor et sur l’image, mais ne prend jamais le pas sur l’histoire. Le chef opérateur Darius Khondji (celui du "Amour" de Haneke) s’inspire de photos ou de tableaux du début du siècle pour peindre un univers saisissant, fait de clairs obscurs mordorés qui reflètent aussi le mental torturé des personnages. L’utilisation de la musique d’opéra du XIXème siècle sur la bande-son se double d’une scène où apparaît le ténor Caruso (qui donna vraiment un concert sur Ellis Island). "The Immigrant" permet à l’auteur de "Little Odessa" de sublimer un récit puisé dans les racines de sa propre famille, d’origine ukrainienne, pour atteindre une force lyrique bouleversante.
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James Gray filme Marion Cotillard comme une héroïne de tragédie, accueillant soudain en elle une grâce qu'elle n'espère plus. Comme une star du cinéma muet, aussi : on dirait Lillian Gish dans certains mélos de Griffith. La beauté à l'état pur...
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The immigrant ne bascule jamais dans le tire-larmes. Presqu'à l'excès d'ailleurs. Car on ressort du film incontestablement moins bouleversé que des précédentes oeuvres de James Gray. Comme si le cinéaste avait bâti des barrières infranchissables pour se protéger de ses propres émotions inhérentes au fait de parler par ricochet de sa famille ou de tourner dans un lieu aussi chargé d'histoire (et habituellement interdit aux caméras) qu'est Ellis Island. Mais ce parti pris n'empêche pas The immigrant de vous poursuivre longtemps après être sorti de la salle.
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Le film est enveloppé de la lumière ocre et sombre de Darius Khondji. Mais il est illuminé par Marion Cotillard, sublime parce que sublimement dirigée par James Gray, filmée comme Lillian Gish dans les muets de Griffith ou Martine Carol-Lola Montes dans le film de Max Ophuls : corps qui se refuse, visage qui s'offre. Le scénario brinquebale un peu, par moments. Mais on s'en moque.
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1921. Ewa, immigrante polonaise, entre à new York tandis que sa sœur malade est mise en quarantaine. Elle tombe bientôt sous l’emprise d’une proxénète. Bien qu’un peu froide, The Immigrant s’impose comme une œuvre remarquable, dense et subtile.
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La fureur ambiante du réalisateur James Gray se construit à travers ses images sous tension.
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Dénué du souffle de vie qui offrait aux précédents films de James Gray des élans romanesques imparables, THE IMMIGRANT lorgne du côté du sordide, d’une atmosphère étouffante dont va émerger la beauté intrinsèque du récit. Celle qui gît dans la confusion, entre le devoir de pardon et celui de contrition. Là, THE IMMIGRANT prouve tout le génie de Gray : quand certains se seraient complu dans le misérabilisme, lui dégaine en guise de conclusion l’un des plus beaux plans de sa carrière, une image d’une grâce infinie au symbolisme déchirant, où les cœurs se rejoignent au moment où les corps se séparent.
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Un mélodrame tamisé et désuet sur une bande originale sublime, des scènes pleines d’émotion autour d’un pitch très feutré.
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Marion Cotillard est très convaincante en Polonaise mais ce film de brumes froides n'a pas tout à fait la force tragique des grands prédécesseurs de Gray.
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Un film formidable qui arrive tel un rêve mais fondé sur des désillusions.
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Malgré quelques maladresses regrettables, The Immigrant est le film que l’on attendait : beau, subtil dans son message politique, interprété par des acteurs formidables, il confirme avec la manière que James Gray reste plus que jamais l’un des meilleurs cinéastes de sa génération.
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Le plan final d’une beauté formelle et émotionnelle magistrale résume à lui seul toute la réussite de ce nouveau Gray.
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Dans un quasi huis clos, James Gray filme les premiers pas d'une immigrante polonaise à New York au lendemain de la première guerre mondiale, où le sort la conduit à se prostituer. Dans le rôle titre, Marion Cotillard y est comme touchée par la grâce. Face à elle, Joaquin Phoenix, plus trouble que jamais, et Jeremy Renner, dans le rôle le plus bouleversant de sa carrière, sont les deux autres pôles de cette poignante tragédie
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La Môme Cotillard livre une de ses compositions les plus maîtrisées en femme brisée, qui paye au prix fort son rêve américain.
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L'imposante Ellis Island, la grande vague de l'immigration des années 20 qui a contribué à bâtir la société américaine : de grands et beaux sujets qui mériteraient un traitement ample. Malgré ses bonnes intentions et des tons sépia magnifiques, James Gray manque d'ambition dans ce mélo assez simpliste et manichéen, que l'on suit distraitement. Joaquin Phoenix a été contaminé par Benicio del Toro dans Jimmy P. : lourdaud, mollasson et grimaçant. Marion Cotillard s'en sort bien en petite chose apeurée, ses grands yeux écarquillés par le désespoir.
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Comme toute vie, une carrière de cinéaste traverse des hauts et des bas. Cette fois, James Gray s’est égaré avec ce sujet, écrit avec le scénariste Ric Menello, coauteur du très réussi 'Two Lovers', en 2008. Avec 'The Immigrant', on est loin de ses polars urbains, au style impressionnant et nerveux ('Little Odessa', 'The Yards', 'La nuit nous appartient'), et du bouleversant 'Two Lovers', intrigant et sombre sur les tourments de la passion, où il avait su si bien détourner les codes du mélodrame.
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Frôlant parfois la pantomime des films muets, Marion Cotillard et Joaquim Phoenix tirent, tout de même avec honneur, leur épingle à chapeau de ce jeu old school. On suit, néanmoins sans déplaisir, la tragédie de cette dame sans camélias comme on visiterait un musée du mélodrame. N’oubliez pas le guide…
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The Immigrant, c'est l'hommage de Gray aux mélodrames des années 30 et 40, où d'histoires d'amours impossibles en passions interdites, des destins se fracassent. Difficile de croire pourtant à la vie de ces deux jeunes sœurs immigrées polonaises aux États-Unis en 1915, l’une d’elle tombant dans la prostitution pour sauver sa sœur. On a du mal à rentrer dans l’histoire, à être emporté par Marion Cotillard, en beauté dolorosa. Dommage, car la facture de l’ensemble a de la tenue.
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D’où vient qu’en dépit des trésors de mise en scène que le cinéaste déploie pour servir son récit (…) celui-ci ne déborde jamais, intéresse sans bouleverser ? C’est le grand paradoxe de "The Immigrant" : la forme, pensée pour l’effusion, est irréprochable et souvent brillante, mais n’en jaillit qu’un spectacle étouffé et distant.
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Sur une trame mélodramatique, James Gray cite une nouvelle fois ses influences, de Dostoïevski à Visconti dans ce film très classique, élégant mais froid comme la mort. Face à Marion Cotillard, une sorte de dieu vivant : Joaquin Phoenix qui en impose en campant un personnage extrêmement dur semblant avoir renoncé à la vie et à l'amour depuis une éternité. Ses retrouvailles avec James Gray font plaisir et l'acteur se révèle totalement à l'aise dans un rôle ambigu qu'il transcende avec une totale discrétion.
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Si le film ne «prend» pas entièrement, ou en tout cas pas toujours, c’est que le personnage d’Ewa semble parfois étrangement distancié de son propre destin - faute n’en est pas à Marion Cotillard, que l’on n’a jamais vue aussi bien dirigée, mais à un scénario parfois un peu bancal, et à certains plans qui jouent la sursignification plus que l’immédiateté.
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Si le résultat est moins tendu et prenant que les précédents opus de Gray, il a le mérite de poser, dans un écrin magnifié par la photo de Darius Khondji, des questions passionnantes sur l’immigration et le déracinement
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Ce drame romanesque, un peu formel, certes, est néanmoins intensément porté par Marion Cotillard, saisissante dans sa descente aux enfers, et le talent de Joaquin Phoenix, une vraie gueule de voyou.
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Comment le réalisateur qui a réinventé le thriller familial, avec "Little Odessa", "The Yards" et "La Nuit nous appartient", puis le film sentimental avec "Two Lovers", peut-il assumer un mélodrame dont le scénario remonte à un autre âge, comme l’on en réalisait dans les années 20, voire moins inventif ?
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Un grand sujet traité d’une façon bien anodine dans cet ensemble sans vie qui, au final, nous laisse assez indifférent.
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"The Immigrant" de james Gray, avec la plaie Cotillard, cinquième film qui confirme le lent déclin du réalisateur de "The Yards".
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Dommage que la performance si impressionnante de Cotillard se retrouve dans un film si peu vibrant.
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Sur le papier, c'était prometteur: 1921, l'arrivée d'immigrés polonais à Ellis Island, New York, Etats-Unis, et notamment deux jeunes femmes, soeurs inséparables, dont l'une tombe sous le joug d'un maquereau amoureux, avant de rencontrer un illusionniste amoureux lui aussi. En théorie, du grand spectacle romantique trempé dans la noirceur chère à James Gray. A l'écran, ce n'est qu'un drame sans aspérité, plombé par une reconstitution aussi plate que les dialogues.
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Peut-être que je n'accroche simplement pas à Marion Cotillard, et que je suis mal placé pour évaluer The Immigrant. Je peux simplement vous dire qu'il est particulièrement inconfortable de suivre un film pendant deux heures en grinçant des dents. Aussi beau soit-il.
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The Immigrant est celui qui perturbe le travail du cinéaste, entre une réelle envie de raconter des personnages, leurs tourments, leurs difficultés à être ensemble, et une trop grande confiance dans la solidité du savoir-faire et des références mis en œuvre à cet effet.
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James Gray signe un film étrange, touchant par sa maladresse, d'une innocence à côté de la plaque.
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Une accumulation de pathos qui, malgré la mise en scène classieuse de James Gray (La nuit nous appartient) et la performance bluffante de Joaquin Phoenix, fait prendre l’eau à ce mélo.
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Dans cette esthétique un peu étouffante, idéale c’est vrai pour y loger les larmes et les humiliations d’une pauvre fille prête à tous les sacrifices pour sauver sa sœur, Gray n’avait plus tellement de marge de manœuvre pour emmener son embarcation au large de l’émotion. Notre (inter)nationale Marion Cotillard fait le boulot. Joaquin Phoenix est assez charismatique en distingué salaud. En cousin illusionniste du premier, Jeremy Renner apporte un souffle de tempête sentimentale à l’ensemble. Mais qu’en reste-t-il au final? Un peu d’oubli?