Captain America : Brave New World (2025)
Eli Adé/Marvel

Pas très costaud narrativement, le nouveau film Captain America fait l'essentiel avec de belles scènes de fight. C'est déjà ça.

"Together". C'est le premier mot qui apparaît à l'écran, avant de voir Harrison Ford apparaître. C'est lui, le nouveau président des USA dans le Marvel Cinematic Universe, et il va prononcer son premier discours. Un appel à l'union dans un pays divisé, d'accord, mais qui reste un pays, une nation, l'Amérique, et "America has spoken", comme le clame Ford... pardon, Thaddeus Ross. Ce serait évidemment hyper tentant de faire un tas de parallèles entre Brave New World et le contexte présent, mais ce serait aussi un peu trop demander au film... qui reste un film du Marvel Cinematic Universe des années 20, donc un peu en fin de course, un peu étiré, un peu mollasson, pas assez focus pour qu'il soit un reflet conscient de la vie politique US des derniers mois.

On parle quand même d'un film où les USA, sous l'égide du nouveau président Ross, ancien militaire têtu et obsédé par la chasse au Hulk (au moins depuis le film d'Ang Lee en 2003 !) et aux superhéros en tous genre, tente de négocier un accord multilatéral pour se partager les richesses qui gisent dans le cadavre titanesque du Céleste vaincu par les Eternels (cf. le film éponyme de 2021) et figé depuis dans l'Océan Indien. Dans le même temps, Captain America mène une enquête autour d'une tentative de meurtre du nouveau président avec l'aide de quelques PNJ croisés pendant la série Falcon et le Soldat de l'hiver...

Brave New World : "L'empathie est le super-pouvoir de Captain America"

Donc, mauvaise nouvelle : si vous avez à peu près lâché la majeure partie du MCU depuis, disons, la pandémie, vous risquez de louper des trucs. Et ce même si le film fait des efforts louables pour les expliquer et/ou les contenir au maximum, afin d'accomplir sa principale mission, à savoir livrer un thriller d'action avec des superhéros gouvernementaux livrant des batailles beaucoup plus terre à terre que de batifoler dans le cosmos.

Le film contient ainsi trois grandes scènes d'action, l'assaut d'un monastère mexicain, un dogfight au-dessus de l'Océan Indien, et un mano a mano entre le Cap et le Red Hulk (pas de spoiler : c'est sur l'affiche du film, quand même) qui sont bien foutues visuellement et loin des débâcles visuelles des derniers Marvel (remember le cauchemar Thor : Love and Thunder ?). Entre ces trois scènes, on enquête, on embrouille et on complote, et le constat est moins reluisant, à la fois narrativement et visuellement. Par exemple, la motivation du superméchant qui tire les ficelles derrière tout ce bazar est aussi cheap que son maquillage (là, pour le coup, on ne va rien spoiler), syndrome d'un film finalement vaincu par son ADN plus télévisuel que cinématographique.

Captain America : Brave New World
Marvel

Reste qu'on se satisfait de certaines choses : Anthony Mackie est un héros sympathique, avec son côté gay-friendly cool, bien épaulé par Danny Ramirez (déjà apparu dans Falcon et le soldat de l'hiver) et surtout Shira Haas (la révélation de la série Unorthodox), épatante en Black Widow gouvernementale haute comme trois pommes et capable de rétamer une escouade de marines à mains nues.

L'autre attraction du film, c'est évidemment Harrison Ford, même s'il refait son numéro de la série Shrinking, où il joue un psy vétéran californien grincheux comme jaja et tentant désespérément de se connecter avec sa fille -comme Thaddeus Ross dans le film qui nous intéresse, tenez. Comme quoi, le contexte de Brave New World ne se résume pas qu'à un certain Trump. De toutes façons, le discours "politique" (notez les guillemets) du film consiste surtout à exalter l'union, à faire de Captain America un héros rassembleur et inspirant, et ce sont des choses qui sont suffisamment banales pour être valables n'importe où, n'importe quand dans le grand imaginaire héroïque américain.

Justement, Brave New World aurait mieux fait de développer le personnage de Isaiah Bradley (joué par le génial Carl Lumbly), Captain America noir des années 50, héros de la Guerre de Corée injustement emprisonné pendant trente ans par le gouvernement. Comme le film sort en plein mois de février et c'est le "Black History Month" aux USA, ça aurait pu être un arc narratif autrement plus intéressant que ces histoires d'être cosmique échoué et de rayons gamma, mais hé, que voulez-vous, Marvel has spoken.

Captain America : Brave New World, de Julius Onah, avec Anthony Mackie, Harrison Ford, Danny Ramirez... Sortie le 12 février.