Plateformes de streaming - chronologie des médias
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Les autres géants du streaming négocient aussi un assouplissement de la chronologie des médias.

On apprenait la semaine dernière que Disney avait obtenu un nouvel accord lui permettant de proposer ses longs-métrages sortis au cinéma sur Disney Plus 9 mois après, contre 17 mois auparavant. Ce en échange d’un investissement représentant 25% de son chiffre d'affaires annuel généré pendant trois ans en France (soit un peu moins de 40 millions par an).

L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre, provoquant notamment la colère de Canal+. Le groupe français bénéficie lui d’une fenêtre de 6 mois, et avait un belle marge sur Netflix, qui avait de son côté négocié 15 mois. Par la voix de son dirigeant, Maxime Saada, Canal a dénoncé ce nouvel accord :  

"Les montants doivent être proportionnés à la place dans la chronologie. Si Disney+ est à neuf mois pour 35 M€, il y a un sujet pour Canal+ et ses 220 M€ à six mois."

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Disney+

D’après Variety, les autres géants du streaming implantés en France s’activent aussi en coulisses. Netflix, ainsi que Max, Prime Video et Apple TV+ (ces trois derniers doivent attendre 17 mois), travaillent avec les organisations du cinéma français pour réduire cette fameuse fenêtre.

Ces entreprises ont souvent pesté par le passé contre la chronologie des médias, mais Variety rappelle dans son papier que "ce système permet à la production française d’être florissante". Et l’heure est la revalorisation du cinéma en salle dans un marché français qui a témoigné de sa bonne santé en 2024 grâce aux locomotives Un p’tit truc en plus et Le Comte de Monte-Cristo.

"Il est très significatif que Disney+ se soit engagé à dédié une part importante de son investissement de 25% des les films qui sortent en salle. Cela reflète sa confiance dans notre industrie du cinéma et notre marché dynamique", explique un insider français au média Hollywoodien. "Disney a réalisé, après quelques expérimentations, que l’expérience cinéma était toujours la clé du lancement d’un film et sur ce point ils partagent une croyance que nous avons toujours eu en France".

En 2024, Disney a été le studio leader des entrées en France, avec des succès comme Vice-Versa 2 et Vaiana 2

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Pixar / PIXAR / © 2023 Disney/Pixar. All Rights Reserved.

Netflix, la plateforme de streaming la plus ancienne du marché française, espère réduire sa fenêtre à 12 mois. Mais sans augmenter son investissement qui est déjà de 50 millions par pour les films distribués au cinéma. Max et Prime Video ont également entamé des discussions, mais avec du retard sur Netflix qui se base sur un précédent accord signé en 2022. 

"Max vient d’arriver, nous voulons faire les choses bien et dans l’ordre", déclare un responsable de Max en France. 

Reste maintenant à savoir sur Canal+ va mettre sa menace à exécution et réduire son investissement dans le cinéma français. 

"Alors que le cinéma français est au sommet, il connaît dans le même temps l’une des heures les plus graves de son histoire", a répété Maxime Saada dans une tribune publiée dans Le Monde, rappelant qu’en 2024 "Canal+ a préacheté – c’est-à-dire financé sur simple lecture du scénario – plus de 130 films pour un montant de 220 millions d’euros auprès de près de 120 sociétés de production indépendantes".

Pour Maxime Saada, Disney se sert du cinéma français "comme cheval de Troie" pour s'attaquer à la chronologie des médias. "Ce modèle menace aujourd’hui de s’effondrer sous les coups portés à ses trois piliers (…) Notre exception culturelle n’est pas une anomalie mais un patrimoine collectif à préserver. Ce combat nous oblige", conclut-il.