Découverte enfant en 2014 dans Deux jours, une nuit des Dardenne, la jeune Belge crève l’écran dans le premier long métrage de Julie Lerat- Gersant. Rencontre
Vous avez débuté au cinéma à 11 ans en jouant la fille de Marion Cotillard dans Deux jours, une nuit des frères Dardenne. Comment est née cette envie précoce de faire du cinéma ?
Pili Groyne : Mes parents sont comédiens de théâtre. Toute petite, je les suivais dans leurs tournées. J’ai ensuite commencé à faire un peu de théâtre et ma maman a repéré des annonces de castings et m’a demandé si j’avais envie d’essayer. J’ai dit oui et j’ai commencé par tourner…. une pub sur les échafaudages pour le Japon et j’ai enchaîné par les Dardenne. Et ça, quelle expérience de dingue ! Aux côtés en plus de Marion Cotillard qui a vraiment été adorable avec moi. J'ai vraiment pris ça pour un jeu d’enfant mais dans une ambiance vraiment familiale. Et j’ai pris un plaisir fou à le faire. Puis j’ai enchaîné, toujours aussi chanceuse avec Jaco van Dormael (Le Nouveau testament) et Fabrice du Welz (Alleluia). Et dans la foulée, je me suis arrêtée deux ans pour me concentrer sur mes études. Mais en revenant sur le plateau de Petites, rien n’avait changé. Le plaisir était aussi total
Dans Petites, vous jouez Camille, une ado de 16 ans qui tombe enceinte et se voit contrainte de garder l’enfant, ne s’en étant aperçue qu’après le délai légal, avant que la décision d’une juge pour enfants de la placer dans un centre pour filles- mères, considérant sa mère à elle inadaptée à s’occuper d’elle, ne rajoute à sa situation chaotique. Vous avez aussi décroché ce rôle sur audition ?
Oui mais Julie (Lera- Gersant), la réalisatrice, était présente. Ce qui change tout. Car tu peux directement montrer ton envie. Ce jour- là, j’étais très timide car je n’avais pas fait de casting depuis des années. Mais j’avais lu le scénario et fini en larmes. Je ne voulais donc pas laisser passer cette opportunité. Il n’y a eu que deux tours. Mais j’ai failli passer à côté car pour le deuxième tour, j’étais malade, au fond de mon lit, et incapable de me déplacer. Ils ont eu la gentillesse de me relaisser une chance quelques jours plus tard. Et j’ai été engagée
Comment se prépare t’on à ce rôle de Camille ?
Dans un premier temps, j’essaie de la comprendre. Puis de comprendre Julie à travers Camille, pourquoi Julie a voulu écrire ce film, ce qu’elle souhaite transmettre à travers lui. Il y a des liens spontanés entre Camille et moi. Mais au fond nous sommes très différentes. Et ce que je recherche au cinéma ce sont justement des rôles éloignés de moi ou jouant avec des choses que je ne dégage pas spontanément : un côté assez masculin, très autoritaire, comme j’ai pu le faire dans la série fantastique Transferts pour Arte en 2017 et des personnages, dont les esprits avaient été transférés d’un corps à un autre.
PETITES: LA REVELATION PILI GROYNE [CRITIQUE]Julie Lera- Gersant vous donne des films à voir pour vous préparer ?
Non, la base de notre travail a vraiment été nos discussions. On a formé une équipe dans l’équipe avec Julie, Romane, Virginie Saint- Martin, la directrice photo. Julie donne tellement son cœur que tu fais tout pour être le mieux possible. Elle transmet physiquement son énergie et l’importance de ce film pour elle. J’ai eu des soucis de santé, une névralgie, pendant le tournage, j’ai même dû passer trois jours à l’hôpital mais ils ont vraiment tous été là pour moi ! Et j’ai adoré jouer ce personnage qu’on aime autant qu’elle peut agacer, si magnifiquement écrit. C’est une jeune fille qui a envie de grandir et d’aller mieux. Et qui voit que dans son entourage, même si énormément de gens veulent son bien, il y a pas mal de personnes qui ont raté leur vie et elle veut absolument éviter tout ça, ne pas faire les mêmes erreurs qu’eux. C’est quelqu’un d’hyper mature. Et qui va comprendre qu’au fond on n’est jamais plus fort que tout seul.
Qu’est ce qui a été le plus complexe dans cette aventure ?
Sortir autant d’émotions fortes parfois quatre heures durant. A un moment, ça ne sort plus ! Ton physique te lâche. Mais je kiffe ça. J’adore le drame ! Et jouer est devenue ma priorité numéro une ! Et je suis heureuse qu’après un temps de pénurie, les castings repartent…
Quels sont vos cinéastes de chevet ?
Luc Besson et Tim Burton pour leurs univers dans lesquels je me régale à m’abandonner à chaque fois.
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