Première
C’est l’histoire d’une femme qui a eu des rêves et a peu à peu appris à les laisser de côté. Terriblement ordinaire. Universel, même. Petite, Caiti Lord s’est imaginée starlette de la musique et se retrouve aujourd’hui serveuse dans un bar perdu des States (au Nouveau-Mexique). Elle a 29 ans, sert des cherry cocktails, pousse la chansonnette quand il faut, anime une petite émission de radio de quartier, balade son spleen et son sourire, voit ses amis, essaie de rembourser sa dette étudiante. Espère surtout retrouver la scène. Caiti blues, documentaire présenté à l’ACID à Cannes, est un petit joyau visuel, parfaitement mélancolique. Chaque image – de la maison, du bar, des visages dans le vent – en balaie une autre, tout aussi maîtrisée. En fond, résonnent l’écho des temps modernes et de la voix oppressante de Trump. Et l’on comprend le blues, forcément politique.
Estelle Aubin