De David Fincher à Steven Spielberg, en passant par Martin Scorsese, ils tentent tous l'expérience du petit écran.
Du 7e au 8e art, il n'y a qu'un pas ! Un pas que franchissent de plus en plus de grands cinéastes, qui trouvent dans les séries un nouvel espace de liberté excitant. L'idée n'est pas vraiment nouvelle, puisque Alfred Hitchcock faisait déjà passer ses histoires à travers le poste, dans les années 1950. Mais le phénomène connaît une croissance exponentielle depuis quelques années. Tous les rois du grands écrans s'essayent, les uns après les autres, au petit. Si certains y trouvent le même succès critique ou public (parfois même les deux), pour d'autres, la transition ne s'est pas vraiment faite en douceur. Alors qui a réussi ? Et qui s'est planté ? On fait le bilan.
ALFRED HITCHCOCK : le pionnier
Le cinéaste américain était vraiment un visionnaire, un pionnier. En 1955, alors qu'il vient tout juste de sortir La Main au collet dans les salles obscures, le maître du suspense s'essaye à la série télé et lance Alfred Hitchcock présente. Une anthologie devenue culte, qui raconte différentes petites histoires noires, à la chute inattendue. La série verra passer Robert Altman ou Sydney Pollack derrière la caméra, et une pléiade de stars devant, comme Steve McQueen, Robert Redford, Charles Bronson ou encore Peter Falk. Elle durera 7 saisons et 268 épisodes. Encore un coup de maître.
DAVID LYNCH : le culte Twin Peaks
En 1990, le cinéaste américaine décroche la Palme d'Or à Cannes, pour Sailor et Lula. Au même moment, David Lynch lance sur la chaîne ABC sa toute première série : Twin Peaks, une œuvre absolument inclassable et qui continue de fasciner, 25 ans plus tard. Certes, les audiences n'ont pas toujours été au rendez-vous de cet ovni télévisuel et la série a été arrêtée après 2 saisons. Mais l'enquête de l'Agent Dale Cooper passionne encore aujourd'hui, à tel point qu'une saison 3 verra le jour sur Showtime, en 2017 !
DAVID FINCHER : le symbole House of Cards
Juste après le carton et les Oscars de The Social Network, David Fincher se lance dans un nouveau projet bien différent. Avec le scénariste Beau Willimon, il développe House of Cards, adaptation US d'une vieille série politique anglaise des années 90. Fincher réalisera même les deux premiers épisodes du drama, produit et diffusé par Netflix. À la clé, une énorme réussite critique et publique. House of Cards deviendra en effet le symbole du succès des créations originales made in Netflix.
MARTIN SCORSESE : de Boardwalk Empire à Vinyl
Très tôt, le réalisateur des Affranchis a senti que la télévision pouvait être un terrain de jeu intéressant à explorer. Ainsi, en 2010, il signe le pilote de Boardwalk Empire, une série sur la mafia d'Atlantic City, qui lui vaudra l'Emmy Award de la meilleure réalisation ! Le polar de Showtine, produit par Scorsese et développé par Terrence Winter, durera 5 saisons. Le duo tentera à nouveau l'aventure du petit écran, en 2016, mais avec moins de succès. Si Vinyl séduit les critiques, la série musicale, inspirée par Mike Jagger, ne rencontre par le public et est annulée par HBO après 1 saison seulement. Un échec.
M. NIGHT SHYAMALAN : la rédemption Wayward Pines
Le réalisateur de Sixième Sens a connu une véritable traversée du désert artistique, pendant une décennie. De Phénomènes à After Earth, en passant par Le Dernier Maître de l'air, Shyamalan a enchaîné les bides critiques et les déceptions commerciales. Alors en 2014, il laisse le grand écran derrière lui et se lance dans son premier projet télé : Wayward Pines. Il réalisera ainsi le premier épisode de cette série fantastique, créée par Chad Hodge et sera l'un des principaux producteurs exécutifs. Contre toute attente, la saison 1 devient le plus gros succès de l'été 2015 et la Fox commande une saison 2. Comme par hasard, Shyamalan retrouve dans la foulée le chemin du succès, sur grand écran, grâce à The Visit.
JANE CAMPION : la surprise Top of The Lake
Palme d'Or 1993 à Cannes, avec La Leçon de piano, la réalisatrice néo-zélandaise se lance sur le petit écran sans trompette ni tambour, en 2013, avec une mini-série policière intitulée Top of The Lake. Inspirée par la série The Killing qu'elle regarde sur AMC, la cinéaste décide d'écrire ce drama criminel en six parties, assez éloigné de ses travaus précédents sur grand écran. Elle en réalisera aussi (presque) tous les épisodes. La série est un petit bijou artistique et philosophique, récompensé par un Golden Globe et un Emmy Award. Si bien qu'une saison 2 est commandée en 2016, avec Nicole Kidman au casting.
LES WACHOWSKI : la réconciliation par Sense8
Commencer leur carrière par Matrix n'a pas forcément été un cadeau pour les Wachowski. Intronisés d'emblée comme les nouveaux rois de la SF américaine, Andy et Larry (devenus Lana et Lilly) n'ont pas vraiment répondu aux immenses attentes placées en eux par la suite. Si Cloud Atlas a été une vraie bonne surprise, c'est véritablement en passant sur le petit écran, qu'ils ont pu se réconcilier avec leur public. À travers Sense8, les Wachowski ont montré qu'ils n'avaient rien perdu de leur créativité. Scénaristes, producteurs et réalisateurs de la série Netflix, ils ont indéniablement marqué l'année 2015. Les fans sont de retour. Tous attendent maintenant, avec impatience, la saison 2.
FRANK DARABONT : l'humiliation Walking Dead
Le réalisateur de La Ligne Verte a une expérience très particulière du petit écran. En 2010, il décide d'adapter le comics à succès The Walking Dead, pour AMC. Il signe le pilote, écrit la plupart des épisodes de la première saison et lance, avec Robert Kirkman, ce qui deviendra la série la plus suivie en Amérique. Mais il ne connaîtra pas la folie aux commandes de sa série. Darabont est viré brutalement par la chaîne, dès 2011, et remplacé par un autre showrunner, pour des divergences créatives. Aujourd'hui en procès contre AMC, il réclame d'énormes dommages et intérêts. Une première histoire avec le petit écran au goût amer, qui n'empêchera pas Darabont de retenter l'aventure, deux ans plus tard. En 2013, il lance Mob City, un polar noir, qui va se planter en beauté, et qui sera annulé après 6 épisodes seulement. Depuis, la carrière du cinéaste semble au point mort.
STEVEN SODERBERGH : à fond dans The Knick
Après une première expérience ratée en 2003 sur HBO, avec la série politique K Street, annulée au bout d'une saison seulement (malgré de bonnes critiques), le prolifique réalisateur d'Ocean's Eleven a retenté sa chance en 2014 avec The Knick. Cette fois, le succès fut au rendez-vous. Producteur, Steven Soderbergh a également réalisé les 20 épisodes de ce drama médical historique (récoltant deux nominations aux Emmys au passage). Alors qu'une troisième saison de The Knick serait en préparation pour Cinemax, Soderbergh poursuit déjà sa carrière sur le petit écran. Depuis le début de l'année 2016, il produit une adaptation de son film The Girlfriend Experience, pour la chaîne Starz, qui a déjà été renouvelée pour une deuxième saison.
BAZ LUHRMANN : le style de The Get Down
Comme David Fincher ou les Wachowski avant lui, le cinéaste australien a aussi eu la confiance de Netflix, pour lancer son premier projet série. Résultat : un conte musical hyper léché, sur l'émergence du hip hop dans le New York des 70's. Un drama clairement estampillé Baz Luhrmann, qui a réalisé le premier épisode, et qui a conquis la critique cet été, même si le buzz populaire n'a pas été au rendez-vous.
LUC BESSON : l'expérience No Limit
En 2012, alors que sa société EuropaCorp est en train d'adapter Le Transporteur en série, pour le marché international, Luc Besson se prend au jeu du petit écran. Il créé son premier drama, intitulé No Limit, porté par Vincent Elbaz. Un show d'action dont il co-signe les scénarios (mais il laissera la réalisation à d'autres). Diffusée sur TF1, la série d'action rencontre un énorme succès la première année. Malgré l'érosion des audiences, No Limit sera renouvelée pour une quatrième saison... qui ne verra pas le jour, faute d'accord entre les acteurs et les producteurs. Besson passe à autre chose et il développe une adaptation de Taken, pour la télé américaine, achetée par NBC et qui sera diffusée en 2017.
JUDD APATOW : relancé par Netflix
Lui, il vient carrément de la télévision. S'il a connu ses principaux succès sur le grand écran, grâce à la comédie 40 ans toujours puceau notamment, c'est bien avec Freeks and Geeks qu'il se fait connaître, à la fin des années 1990 (il réalise et écrit plusieurs épisodes). En 2016, Netflix lui offre une nouvelle chance de s'exprimer, avec Love, une petite comédie renouvelée pour 2017.
MICHAEL MANN : le scandale Luck
En 2011, le réalisateur de Heat signe le pilote d'une nouvelle série HBO ambitieuse, sur le monde de la course hippique, dont il est aussi producteur exécutif. Les critiques sont bonnes et la série est renouvelée pour une deuxième saison. Mais les conditions de tournage sont remises en cause, puisqu'on dénombre trois chevaux morts tragiquement, devant les caméras, après une chute durant une séquence de course. L’American Humane Association demande l'annulation de la série. Devant la polémique qui enfle, HBO plie et décide de fermer le show.
GUILLERMO DEL TORO : l'adaptation tiède de The Strain
Un an après le succès de Pacific Rim, le réalisateur mexicain se voit offrir la possibilité d'adapter son comics, The Strain, sur le petit écran. Avec Chuck Hogan, il créé donc cette série d'horreur, qui peine encore à se faire un nom et qui s'arrêtera l'année prochaine, après la quatrième saison.
STEVEN SPIELBERG : des échecs à la chaîne
Depuis de nombreuses années, le nom de Steven Spielberg est associé à une multitude de séries : de Smash à Terra Nova, en passant par Extant, Falling Skies ou même Under the Dome. Mais à l'arrivée, si certaines d'entre elles ont tenu quelques saisons, aucune n'a véritablement marqué le petit écran, ni emballé le public. Depuis l'excellente mini-série Band of Brothers, le papa de E.T. n'arrive pas à retrouver le chemin du succès sur le petit écran.
GUS VAN SANT : recalé par HBO
L'an dernier, le réalisateur de Will Hunting a tourné pour HBO le pilote de The Devil You Know, une nouvelle série historique, se déroulant dans la Nouvelle-Angleterre du XVIIe Siècle et créé par Jenji Kohan (à qui l'on doit déjà Orange is The New Black). Le projet était alléchant, mais pour une raison inconnue, le pilote n'a pas été retenu par HBO et The Devil You Know (jamais diffusée) n'est jamais devenue une série.
WOODY ALLEN : le flop Crisis in Six Scenes
Sortie aujourd'hui sur Amazon, la première série signée du cinéaste new-yorkais fait déjà face à une pluie de critiques assassines. S'il est évidemment trop tôt pour juger des audiences, on peut déjà dire que le passage de Woody Allen au petit écran n'est pas une grande réussite...
LES PROCHAINS SUR LA LISTE
Dans quelques semaines, on verra The Young Pope, la première création télé de Paolo Sorrentino. Le cinéaste italien a déjà présenté sa série à gros budget lors de la Mostra de Venise. Et elle a été très bien accueillie. On la verra en France sur Canal + cet automne. On verra aussi prochainement la première série de Spike Lee. She's Gotta Have It sera une adaptation pure et simple de son film de 1987 (Nola Darling n'en fait qu'à sa tête, en Français). Le cinéaste le plus connu de Brooklyn réalisera lui-même les 10 épisodes commandés par Netflix. Enfin, Jon Favreau a également accepté de se lancer dans les séries : le réalisateur d'Iron Man dirigera bientôt le pilote d'Orville, la nouvelle création SF délirante de Seth MacFarlane, pour la Fox... juste avant de s'attaquer à l'adaption très attendue du Roi Lion en live action.
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