Une nuit au zoo
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Une nuit au zoo, épatant film d’horreur animé pour les enfants, a été conçu en partie au sein du studio de VFX et d’animation où sont nés les Minions. Philippe Sonrier, co-fondateur et directeur du lieu, répond à cette question : c’est quoi Mac Guff ?

Des racines expérimentales

Avant de se mettre au cinéma à grand budget et à grosses recettes, Mac Guff faisait partie des défricheurs de l'animation par ordinateur au tournant des années 90 : en 1986, à la création du studio, Canal + leur avait commandé une série de courts-métrages, La Vie des bêtes, conçue notamment par le designer Philippe Starck. « C’était la première série en images de synthèse : on appelait ça comme ça à l'époque, et c'était juste, parce que ça résume bien notre travail qui est de tout synthétiser » explique Philippe Sonrier.

Une ambition esthétique

Délirant mais racé, Une nuit au zoo a été réalisé par des pointures de l’animation (les deux réals ont 25 ans d’expérience notamment chez Blue Sky), et le film a été conçu entre Mac Guff et House of Cool, studio canadien de l’ombre qu’on a pu voir au générique des Indestructibles, Hugo Cabret ou La Pat’Patrouille. C’est aussi la première production animée de Charades, vendeur international de films : « on veut monter un film d'animation au rendu digne des grands studios, mais sur un financement indépendant », explique Baptiste Salvan, producteur exécutif du film chez Charades, qui ne veut pas que Une nuit au zoo concurrence les grosses productions animées : « on veut exister sur l’originalité ». Sonrier ajoute : « Les codes étaient assez différents : c'est un film de pose, les personnages ne devaient pas trop bouger. On passe d'une pose à d'une autre. Ça rejoint une économie : moins d'animation, donc moins cher. Il faut faire illusion. L'hyperréalisme c'est une fausse piste. C’est dans le nom de notre studio : Mac Guff, qui vient de « McGuffin », qui veut dire « fausse piste ». »

 

Une nuit au zoo
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Des projets fantômes

Avant de créer les Minions pour Moi, moche et méchant, Pierre Coffin avait développé chez Mac Guff un drôle de projet : un film d'animation où des squelettes font du vélo lors du Tour de France. Alexandre Aja était même venu proposer d'adapter le livre de Pef Rendez-moi mes poux !, où un jeune garçon dresse les bestioles qui squattent ses cheveux grâce à une formule magique. Rien de tout cela n’est arrivé, mais Mac Guff a collaboré aux SFX d’Oxygène et Mother Land d’Aja, tandis que Bones Story pourrait ressusciter sous la forme d’une mini-série TikTok.

 

De l’Intelligence Artificielle

Une chose est sûre, Mac Guff n’a pas peur de l’IA. Le studio a développé un logiciel de rajeunissement des visages (utilisé sur Le Bureau des légendes notamment) par IA, et assume complètement d’utiliser la technique : « Ce n'est pas pour voler de la propriété intellectuelle », insiste Philippe. « On filme des comédiens, on les transforme. Les acteurs en ont marre de passer quatre heures au maquillage, on les filme juste et on les transforme avec l'IA. L'enjeu est incroyable. Pour l'instant ce sont surtout les voix qui sont impactées : quand tu n'as pas les moyens de traduire ton film dans 100 langues, tu utilises l'IA. » Et le problème des jobs menacés par la généralisation des IA ? « Oui, mais ça c’est tout de suite une vision française, de dire que ça va supprimer des emplois… Arrêtons un peu avec ça », affirme Sonrier. « Ça ne fait pas que ça. Bien sûr, il y a le problème des droits des images utilisées, mais souvent, ça remplace des choses pas nécessaires. Après tu auras toujours besoin de voix d'artistes, et l'IA ne te donnera jamais ça. » En attendant, aucune IA n’a été utilisée sur Une nuit au zoo, d’après Sonrier…