La crème de la crème du petit écran. Parmi les centaines de séries diffusées au cours des années 2010, Première a classé les 50 meilleures. Voici de la 25e à la 1ere place.
Qui est la numéro 1 ? Bienvenue dans l'ère du Peak TV. La télévision n'a jamais été aussi florissante, aussi riche, aussi prospère. Aux USA, mais également en France, en Grande-Bretagne et dans le reste du monde, il n'y a jamais eu autant de séries et de séries de qualité. 2010-2019, une décennie faste qui s'achève. L'occasion de faire un large bilan de ce qui s'est fait de mieux. Le best of the best. La rédaction de Première a dressé un Top 50 des meilleures séries de la décennie (en ne prenant en compte que celles ayant concrètement débuté dans les années 2010, ce qui exclut par exemple Breaking Bad). Seconde partie aujourd'hui de la 25e à la première position.
Le Top 50 de la décennie : première partie (de la 50e à la 26e place)25) The Marvelous Mrs. Maisel (Amazon, 2017-Aujourd'hui)
Comédie engagée, racontant la libération d'une femme bafouée devenue pionnière du stand-up au féminin, au cœur des années 1950, la série créée par Amy Sherman-Palladino (à qui l'on doit aussi Gilmore Girls) s'est imposée comme une référence. Lumineuse, drôle et attachante, à l'image de son héroïne romanesque, Mrs. Maisel est aujourd'hui le symbole de la réussite d'Amazon Prime Vidéo, validée par de multiples Golden Globes et Emmy Awards.
24) Mr Robot (USA, 2015-2019)
Comme toute bonne série américaine, Mr. Robot tombe le rideau après quatre saisons pour faute d'audiences. Mr... quoi ? Un show fincherien dans lequel un hacker est le pantin d'une organisation secrète voulant faire collapser la société. Personnages dostoïevskiens, narration mille-feuille, cadres éclatés et rebondissements en pagaille... La série prophétique tel un skype d'Edward Snowden n'a pas convaincu le grand public mais a créé une petite communauté de fans lui vouant un culte. Comme Fight Club en son temps.
23) Sherlock (BBC, 2010-2017)
Brillante adaptation contemporaine du héros victorien de Sir Arthur Conan Doyle, cette variation du détective londonien a conquis le monde entier, au fil de ses 4 saisons. Écrite avec malice et intelligence par le duo Steven Moffat / Mark Gatiss, elle a aussi fait de Benedict Cumberbatch (devenu Docteur Strange chez Marvel) et Martin Freeman (devenu le Hobbit de Peter Jackson) des superstars du grand écran.
22) Black Mirror (Channel 4, Netflix, 2011-Aujourd'hui)
La plus grande série d’anticipation de son époque était certainement plus pertinente à sa naissance sur Channel 4, en Angleterre, alors que Charlie Brooker ne devait livrer que trois épisodes par saison. Sa reprise par Netflix a un peu changé la donne et forcé Black Mirror à ratisser plus large qu’avant (comment maintenir le même niveau de qualité sur six épisodes ?). Mais elle est parvenue à se réinventer elle-même alors qu’on ne s’y attendait plus, générant au passage quelques chefs-d’œuvre. Au hasard : San Junipero ou Tais-toi et danse.
21) Stranger Things (Netflix, 2016-Aujourd'hui)
La pop culture 80's à son paroxysme. Un bonbon fantastique pour les nostalgiques du Walkman et de SOS Fantômes, qui a su créer son propre univers, une mythologie unique et particulièrement engageante. Les Duffer Brothers ont surtout introduit une nouvelle bande de jeunes héros génialement écrits, les dignes successeurs de Goonies, qui ont permis à Stranger Things de s'imposer comme l'un des plus gros succès populaires de la décennie et faire exploser le compteur d'abonnés de Netflix
20) Louie (FX, 2010-2015)
Avant que son vilain penchant pour la masturbation en public ne le condamne à la disgrâce médiatique, Louis C.K. fut le grand révolutionnaire de la comédie télé du début des années 2010, avec Louie, comédie-malaise sur ses émois de papa divorcé, rouquin mal-aimé, Américain moyen obsédé par le bacon et, euh, la masturbation. L’autofiction poussée dans des zones d’inconfort total. Puis le silence radio… Mais la relève est assurée : de Lena Dunham à Phoebe Waller-Bridge en passant par Aziz Anzari, Pamela Adlon et Tig Notaro, les héritiers de Louis sont légion.
19) Mindhunter (Netflix, 2017-Aujourd'hui)
Mindhunter a tout du petit cousin du Zodiac de David Fincher. Pas étonnant, le démiurge chapeaute cette série Netflix sombre et fascinante. Bien dans son époque, elle a trouvé le credo parfait : être suffisamment didactique pour intéresser un large public gourmand de serial-killing. Après une première saison lente, la série embraye la seconde en introduisant Charles Manson. De quoi faire encore plus de recherches « creepy » sur Internet en flippant sous son plaid.
18) Veep (HBO, 2012-2019)
Il faut dépasser la première saison, un peu hésitante il est vrai, pour profiter pleinement de ce que Veep a à offrir. Série politico-comique qui s’attaque au fonctionnement la Maison Blanche à travers Selina Meyer (Julia Louis-Dreyfus, incroyable en vice-présidente bête à manger du foin) et son armée de conseillers, Veep prophétisait, quatre ans avant l’élection de Trump, une Amérique dirigée par des cons égocentrés ivres de pouvoir. Si la réalité a rattrapé la fiction, le show diffusé sur HBO est resté droit dans ses bottes, pur concentré de punchlines hilarantes et de manipulations politiques outrancières. À mourir de rire.
17) Rick & Morty (Adult Swim, 2013-Aujourd'hui)
Imaginé à la base comme une parodie cradingue et débile de Retour vers le futur, Rick & Morty s’est vite logée quelque part entre du Star Trek sous LSD et du Doctor Who sous amphétamines, où la moindre rognure d'idée SF est poussée au bout du bout. Dan Harmon et Justin Roiland ont imaginé un objet insensé, qui digère trente ans de pop culture pour mieux la vomir illico dans un trou sans fond. Au panthéon pourtant bien chargé des séries animées des années 2010, Rick & Morty finit forcément dans le trio de tête.
16) Atlanta (FX, 2016 – Aujourd'hui)
Présentée comme un Twin Peaks avec des rappeurs, Atlanta est une série OVNI créée par le chanteur / acteur Donald Glover (alias Childish Gambino). Le casting est génial (Brian Tyree Henry, Laikeith Stanfield, Zazie Beetz), l'ambiance délicieusement loufoque et la narration divinement déstructurée avec des épisodes isolés brillants ou une simple coup de cheveux peut déboucher sur une aventure ubuesque. L'incroyable « Teddy Perkins », où Glover incarne un personnage inspiré de Michael Jackson, nous hante encore…
15) The Young Pope (Canal +, 2016)
Le coup de génie de Paolo Sorrentino, pour sa première aventure sur le petit écran. Le réalisateur de La Grande Bellezza signe un coup de maître. Son histoire en 10 épisodes est avant tout un vaste terrain de jeu permettant au cinéaste italien d'exercer toute la virtuosité de sa mise en scène. Indéniablement un monument, un objet de télévision totalement singulier. Une hyperbole du pouvoir, mais surtout du cinéma de Sorrentino.
14) The Haunting of Hill House (Netflix, 2018-Aujourd'hui)
Pourquoi est-ce qu’on a eu autant peur devant The Haunting of Hill House ? Parce que c’est une vraie série de trouille où les fantômes ne sont pas des monstres de foire mais - comme disait Ambrose Bierce - "les symptômes extérieurs d’une peur intérieure". Les reflets des peurs des personnages, de leurs fautes, de leurs regrets, de leurs faiblesses. Les mille et un fantômes de la série de Mike Flanagan, cachés dans le moindre recoin de l'image, sont les symptômes de ce mélo familial déchirant, parfaitement servi par sa construction sérielle labyrinthique. Le dernier truc en date à avoir accompli cet exploit ? Un certain Sixième sens.
13) Peaky Blinders (BBC, 2013-Aujourd'hui)
Scénariste de cinéma nommé aux Oscars pour pour Dirty Pretty Things et auteur des brillantes Promesses de l'ombre de Cronenberg, Steven Knight connaît la consécration à la télévision avec Peaky Blinders. Un polar noir, brut et coupant, qui nous ramène dans les Birmingham de l'entre deux-guerre, sur les traces d'un vieux gang mythique de Grande-Bretagne. Une plongée saisissante au cœur de la petite criminalité qui devient grande, incarnée par l'hyper-charismatique Cillian Murphy, et qui touchera à sa fin - après 7 saisons- en 2021.
12) The Americans (FX, 2013-2018)
15 nominations aux Emmy Awards (4 trophées) et 5 aux Golden Globes (dont 1 victoire pour le prix du meilleur drama en 2019), cela vous pose une série ! Assez peu connue chez nous, ce thriller historique nous replonge à l'époque de la guerre froide. Entre manipulations et faux-semblants, cette histoire folle inspirée de faits réels raconte comment des agents russes, installés aux Etats-Unis, se sont faits passer pour des citoyens américains sous de fausses identité... Une série brillante, qui devient vite une obsession.
11) Watchmen (HBO, 2019)
En neuf épisodes seulement, Damon Lindelof a fait des merveilles. Une véritable lettre d'amour à l'oeuvre d'Alan Moore et Dave Gibbons, qui a su parfaitement adopter l'esprit des comics, tout en se l'appropriant. Une approche brillante, intelligente, qui a pris la forme... d'une suite pure et dure ! Une histoire fun, transcendante, et marquée au coeur par une mission importante : montrer comment la haine se propage de génération en génération. Au cout du compte, une pépite intemporelle, qu'on aura plaisir à redécouvrir dans quelques année.
10) Chernobyl (HBO, 2019)
La claque que personne n’avait vu venir. Chernobyl nous raconte une histoire qu’on pensait connaître, mais dont on ignorait en fait les détails les plus élémentaires. C'est toute la force de cette mini-série, où les salauds croisent les héros, qu'on regarde avec sidération en réalisant que l’Europe est passée à côté du pire. La création de l’étonnant Craig Mazin (on parle quand même du scénariste de Very Bad Trip 3) questionne aussi notre rapport au mensonge de manière salutaire en cette ère de la « fake news ». Une œuvre essentielle.
9) Better Call Saul (AMC, 2015-Aujourd'hui)
Un spin-off de Breaking Bad sur Saul Goodman ? Vous êtes sûr ? Après avoir regardé Better Call Saul comme un cousin un peu balourd, on a dû rendre les armes dès le premier épisode. Immense série sur le déterminisme individuel et le poids du passé, BCS a évité la redite, s’émancipant du poids de Walter White pour raconter une trajectoire parallèle vers l’abysse, peuplée de personnages secondaires stupéfiants. Moins spectaculaire (plus fine encore, peut-être ?) dans son traitement mais tout aussi dramatique que son aînée.
8) American Crime Story (FX, 2016-Aujourd'hui)
Avec Shonda Rhimes, Ryan Murphy aura été le nabab absolu des séries des années 2010, de American Horror Story à Pose et The Politician. Sa grande œuvre malade, celle qui a définitivement imposé la puissance de son regard sur l’époque, c'est American Crime Story, relecture impitoyable des affaires criminelles les plus timbrées de l’Amérique moderne. La première saison identifie l’affaire O.J. Simpson comme le point d’origine de tous les maux du monde contemporain (narcissisme débridé, media sans foi ni loi, etc), tandis que la deuxième (sur l’assassinat de Gianni Versace) se regarde comme une odyssée nauséeuse au pays de l'aliénation, de l'homophobie et de la haine de soi. De la télé hautement inconfortable, et qui hante durablement.
7) Succession (HBO, 2018-Aujourd'hui)
Ce n'est pas la plus célèbre ni celle qui fait le plus de buzz. Mais qu'est-ce qu'on aime la famille Roy ! La fabuleuse série de Jesse Armstrong peint une galerie de personnages monstrueux qu'on adore voir s'entre-déchirer à coup de repas de Thanksgiving horribles, de vacances pourries sur un Yacht démesuré ou de séminaires à l'ambiance délétère. On s'enivre aux jeux de massacre et avec une allégresse extrême, on attend de savoir qui, mais qui, aura l'insigne honneur de prendre la place de Papa Logan au sommet de la société Waystar ! Kendall ? Siobhan ? L'odieux Roman ou l'improbable cousin Greg ? On ne sait plus vers quel rejeton se vouer, mais on sait une chose : on est absolument fan de Connor Roy, l'aîné lâche et benêt, qui rêve étrangement de Maison Blanche... Avec la famille Roy, c'est tous les jours la fête à la maison !
6) Game of Thrones (HBO, 2011-2019)
Où placer la série la plus énorme du XXIe siècle, dans ce top de la décennie ? La question a de quoi réveiller la nuit les plus « sérievores » d'entre nous, tant Game of Thrones a enthousiasmé autant qu'elle a déçue. La série a par moment été grandiose, bouleversante, et spectaculaire comme aucune autre avant elle (ce « Red Wedding » ou la « Bataille des Bâtards » resteront, c'est sûr). Brillante aussi, avec des salves de dialogues réjouissantes, incarnées par la véritable révélation du show, Peter Dinklage. L'adaptation des romans de George R.R. Martin a incontestablement marqué son époque au fer rouge. Mais cette fin complètement ratée va immanquablement abîmer l'héritage que Game of Thrones laissera à la postérité.
5) Twin Peaks: The Return (Showtime, 2017)
Un monolithe. Le 2001, l’Odyssée de l’espace des années 2010 (le triomphe populaire en moins). David Lynch retourne à Twin Peaks et fracasse le souvenir de la série originelle, la concasse dans un magma visuel et sonore affolant, un labyrinthe de visions qui, pour ceux qui acceptaient le sortilège, finissaient par se refermer sur eux comme un piège. Le seul problème pour les fans, c’est que, depuis, tout à l'air fade... Alors on regarde des vidéos explicatives de 4h30 sur YouTube, on se perd dans les dizaines de bonus du coffret blu-ray… Égarés pour toujours derrière le rideau rouge.
4) Le Bureau des légendes (Canal +, 2015-Aujourd'hui)
Vingt ans après Les Patriotes, en sélection au Festival de Cannes 1994, Éric Rochant rejoue la carte de l'espionnage, en auscultant de manière chirurgicale les méthodes du renseignement français. Ce n'est pas toujours glamour, mais qu'est-ce que c'est efficace ! C'est dans la salle de réunion de crise que se déroulent les plus grandes séquences d'action, jouant brillamment avec la pression des enjeux, la tension des bureaucrates, la psychologie torturée des « légendes ». Un style unique porté par une vision absolument réaliste et documentée. Le Bureau s'est imposée comme l'une des créations françaises les plus abouties et les plus regardées à l'internationale, témoignant de ce qu'est le véritable métier d'espion, avec un Mathieu Kassovitz retrouvé et une révélation, Sara Giraudeau, merveilleuse.
3) The Crown (Netflix, 2016-Aujourd'hui)
Le « tory-porn » a été une de nos obsessions de la décennie : le « porno pour conservateurs » regroupe les œuvres de fiction post-Downton Abbey où l'on célèbre l'Angleterre éternelle, de long, en large et en travers, rassemblant les prolos des cités minières aux nobliaux des couloirs de Buckingham, du tea time à l’heure de la pinte au pub. Vous voyez le genre. Et la version "histoire vraie" de Downton Abbey, c'est The Crown. Le récit en coulisses des années de règne de l'increvable Elizabeth II devient un thriller politique shooté comme un Nolan, une tragédie familiale (il y a même des nazis) où tout ce qu'Albion compte d’acteurs importants vient faire allégeance. Et d’actrices, évidemment : les performances de Claire Foy, puis Olivia Colman, sont carrément divines. God save the Queens !
2) Fleabag (BBC, 2016-2019)
Plus qu'une comédie anglaise à la sauce Bridget Jones, l'éclosion d'un talent exceptionnel, d'un diamant brut nommé Phoebe Waller-Bridge. À 30 ans seulement, la jeune Britannique écrit un chef-d'œuvre de dramédie humaine. Une variante poignante de la traditionnelle « romcom », parfois dure, souvent attendrissante et tellement réjouissante, centrée sur une trentenaire obsédée et terriblement mal dans sa peau. Un ton cinglant, un style unique qui fait de Waller-Bridge la scénariste la plus incontournable de la télévision britannique. Surtout qu'elle va récidiver avec la brillante Killing Eve, dans la foulée. Et voilà le nouveau joyau du Royaume de sa majesté propulsé aux commandes du prochain James Bond, Mourir peut attendre. Déjà la consécration, à 34 ans seulement... vous avez dit phénomène ?
1) The Leftovers (HBO, 2014-2017)
Forcément la n°1 ! Quelle grande série. Quelle poésie. Quelle finesse dans l'approche des personnages, de l'intrigue, des twists. L'adaptation du livre de Tom Perrotta par Damon Lindelof est d'une justesse épatante. Où sont passés les 2% de la population mondiale, disparus en ce 14 octobre ? La question va hanter ceux qui restent pour toujours. Kevin, Nora et les autres vont devoir vivre avec cette douleur, cette insupportable incertitude. Jamais l'auteur ne bascule dans un sensationnalisme facile. Loin des réponses grandiloquentes de Lost, The Leftovers joue la carte du minimalisme, et respire la sincérité dans chaque plan, chaque dialogue, chaque explication. Jusqu’au bout. « The Book of Nora », le dernier épisode de la série, restera certainement comme l'un des plus beaux finals de tous les temps. "Peut-on aimer encore, après avoir perdu l'amour ?", interroge Damon Lindelof d'après ses propres mots. "Parce que l'histoire de Kevin et Nora, c'est simplement une histoire d'amour. Parce que The Leftovers est une série sur la famille, sur le deuil, et au centre de tout, il y a cette question : peut-on retrouver une famille, après avoir perdu la sienne ?" Une bouleversante réflexion, mâtinée de religieux, et traitée avec douceur et subtilité. Y Croire ou ne pas y croire, telle est la question. Rien que pour Carrie Coon, exceptionnelle, cela mérite de se la poser et de revoir The Leftovers, encore et encore, dans les décennies à venir.
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