Thriller politique conspirationniste, Zéro Day plonge l’Amérique dans le chaos après une cyberattaque dévastatrice. Un récit trouble, moins intelligent qu'il le voudrait, et porté par un De Niro sur un fil.
Fake news, deepfakes, manipulations de masse… Dans un monde où l’information est devenue une arme et la vérité une illusion, comment distinguer le réel du mensonge ? Zéro Day s’engouffre dans cette brèche anxiogène avec un thriller haletant. Tout part d’une cyberattaque qui frappe l’Amérique, plongeant la population dans la panique pendant 1 minute. Rien qu’une minute mais des milliers de morts et aucun coupable désigné : est-ce un coup des Russes ? Des anarchistes ? Des néo-fascistes ? Derrière les écrans et les discours, et si le plus grand danger n’était pas l’ennemi, mais la peur elle-même ?
Série conspirationniste assumée, Zéro Day capte intelligemment l’air du temps. Eric Newman, ancien de Narcos, interroge sur la quête de vérité dans un monde où les théories du complot et les leurres abondent. Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui relève de notre imagination ou de notre propre parano ? Le concept est pour le moins passionnant, mais le thriller politique n'arrive jamais au bout de ses ambitions, jusqu'à manquer parfois de clarté sur ses intentions.
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Le récit s’enroule sur lui-même, entre fausses pistes et paranoïa diffuse, sans toujours offrir une ligne directrice nette. À l’instar de la performance énigmatique de Robert De Niro, qui campe un ancien président américain au-delà des clivages, version fantasmée d’un leader capable de faire consensus, à une époque où le politique a perdu tout crédit (ou presque). Son personnage, à la fois noble et ambigu, incarne - autour d’un casting particulièrement impressionnant - toute la force de la série, mais aussi toutes ses faiblesses.
Moins intelligente qu'elle s'en donne l'air, Zéro Day voudrait questionner le diktat de l'image, des réseaux, d'un monde tout médiatique et en même temps analyser les divisions d'un pays fracturé par l’ère Trump. "La moitié du pays délire sur des mensonges et des complots, et l'autre s'excite sur des pronoms et hiérarchise ses griefs" résume l'un des méchants dans un final bête et méchant au moment de s'expliquer. Eric Newman et ses auteurs ont manifestement eu l'intention de dénoncer les dérives des bonnes volontés prêtes à justifier la suppression des libertés pour le "bien commun", mais leur propos s'arrête à un plaidoyer bas du front contre la confiscation du pouvoir, proclamé par un Robert De Niro quasi martyre.
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Cherchant à tout dire et son contraire, la série n'arrive jamais à supporter le propre poids de sa grande ambition politique. Reste un thriller conspirationniste parfaitement incarné, 3h30 dans les méandres d'une enquête vraiment captivante. Et au bout du compte, vous aurez envie de glisser un bulletin "Robert de Niro" dans l'urne aux prochaines élections.
Zéro Day, en 6 épisodes, à voir sur Netflix à partir du 20 février 2025.
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