Le compositeur a été jusqu’à abandonner le projet, et la production a préféré lui donner raison pour le faire revenir.
S’il est un super-héros qui ne cesse de faire son retour au cinéma et sur petit écran, il s’agit bien du chevalier noir de Gotham. Même les super-vilains issus de son univers sont suffisamment populaires pour avoir droit à leur propre œuvre solo, en atteste Joker de Todd Phillips. On loue déjà la performance de Joaquin Phoenix tandis que celle d’Heath Ledger est depuis longtemps devenue culte, on soutient les univers sombres du héros de Christopher Nolan pour son Dark Knight et de Zack Snyder pour Batman vs Superman, tout en adorant celle, décomplexée, de Tim Burton pour son Batman de 1989… mais quid de la musique ?
Joker : Joaquin Phoenix s’énerve lors d’une interview questionnant l’incitation à la violence du filmAvant la bande sonore emblématique d’Hans Zimmer, mettant en exergue le chaos du Joker, ou celle plus récente d’Hildur Guðnadóttir sur le long-métrage de Phillips, il en est une autre, signée par un compositeur aujourd’hui célèbre : Danny Elfman. Partenaire de toujours de Tim Burton au cinéma, le musicien a pourtant bien failli ne jamais apparaître au générique de Batman. La raison ? L’artiste n’appréciait guère qu’on lui impose de travailler avec une star de la pop, Prince, comme il l’indique auprès de Yahoo!Entertainment :
"Il y a eu un moment où les producteurs voulaient que je fasse un morceau avec Prince, et je n’en avais absolument pas envie. Je connaissais la bande originale, et même si j’adorais la musique de Prince, je sentais que ça ne fonctionnerait pas pour le film Batman. (…) J’estimais que Prince était vraiment un super auteur de chansons, mais pas forcément un vrai compositeur de musique de film. Je le voyais déjà venir avec des mélodies sympas, que j’aurais ensuite arrangées. C’était ça, le deal. Et alors, j’aurais certes été le chef d’orchestre, mais pas le compositeur pour le projet. Et ça ne m’allait pas. (…) Pour me faire entendre, il a fallu que je quitte le navire, avant d’être rappelé."
The Batman : Colin Farrell, Andy Serkis et Matthew McConaughey au casting ?Une décision qu’il ne conseille cependant pas aux étudiants et nouveaux-venus dans la profession : "Je suis passé par une période difficile où j’avais conscience d’avoir peut-être gâché la plus grande opportunité de ma vie, uniquement à cause de mon entêtement. Finalement, j’ai été à nouveau sollicité et ça m’a aidé à mieux comprendre quel type de personne j’étais. Mais c’était un pari risqué et je ne conseille à aucun jeune compositeur de le reproduire. Vous n’avez pas envie de conseiller aux jeunes de risquer toute leur carrière sur un coup de tête. Moi, à ce moment-là, j’avais envie de la ruiner, ma carrière. Je m’en foutais de tout. J’étais du genre à me dire "s’ils n’aiment pas, je m’en fous." Mais c’est une attitude malsaine pour quelqu’un qui démarre dans le métier. J’ai juste eu de la chance que ça marche pour moi cette fois-là."
Un entêtement nécessaire cependant, car l’auteur considère qu’il n’arrivait pas à se faire entendre à l’époque. La vraie raison viendrait de ses premières expériences, lui forgeant une réputation n’aidant pas forcément pour travailler sur une œuvre de studio : "Je n’avais jamais travaillé sur autre chose que des comédies. Et des comédies délirantes qui plus est ! C’est pourquoi je me suis heurté à la résistance de la production ou du studio, et je pense que ni l’un ni l’autre ne me voulait sur ce film. Ils étaient du genre "Ce n’est peut-être pas fait pour Danny, ce type qui bosse sur des comédies excentriques." Ce que je pouvais comprendre, mais le combat valait la peine d’être mené, parce que la musique ne devrait pas avoir de limites."
Finalement, le coup de sang du compositeur a fonctionné : l’auteur a pu signer sa propre musique originale. En parallèle cependant, la Warner a malgré tout permis à Prince de réaliser l'album Batman - Motion Picture Soundtrack, qui rencontra un véritable succès en se vendant à plus de 11 millions d'exemplaires dans le monde.
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