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Après avoir vu son frère mourir accidentellement sur le chantier d’une maison où ils travaillaient ensemble et n’obtenant aucun dédommagement du propriétaire, Francesco décide de se venger d’une manière singulière. En occupant les lieux puis en y faisant s’installer ses camarades ouvriers et leurs familles. En tout illégalité bien sûr. Mais avec la foi de la lutte des classes et de la revanche de cette main d’œuvre (Mano de Obra) exploitée et humiliée par une bourgeoisie hautaine et inhumaine. Il y a du Ken Loach dans ce premier long métrage mexicain mais plus encore du Bong Joon Ho de Parasite tant film social et thriller angoissant finissent assez vite par ne faire qu’un. Car alors qu’on se doute que cette parenthèse de révolte finira par être réprimée, on assiste surtout à la dérive de Francesco qui, dans son rôle de leader, va peu à peu faire vivre à ses camarades les mêmes comportements mafieux qu’il a subis, lui, comme ouvrier. Mano de Obra se vit comme une bombe à retardement dont on se demande quand et comment elle va exploser et raconte en creux le destin tragique de tant de pays latino- américains où les nobles intentions et les grandes idéologies ont souvent fini en petits arrangements entre amis, dévoyant tout ce qui les avait amenées au pouvoir. Passionnant.