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Tête d'or de Gilles Blanchard, confronte Béatrice Dalle et 26 détenus du centre pénitentiaire de Ploemeur au texte de Claudel. Le décor, lui, se borne à l'enceinte de la prison. Très loin de la simple captation, le cinéaste filme le travail sur le texte, la violence du contexte carcéral, le gain pour les prisonniers d'un espace de liberté. Le projet impose le respect - l'engagement du réalisateur et de son actrice est total - mais souffre de sa fragilité.
Toutes les critiques de Tête D'Or
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Loin d'être du théâtre filmé sur une unique scène, le cinéaste s'approprie tous les lieux où sa caméra a eu le droit d'entrer. Si bien qu'on scrute cette architecture si présente dans l'imaginaire et si rarement filmée commen un endroit où l'on se meut.
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Le ton n'est pas toujours juste, mais ce qui frappe, c'est à quel point les captifs attisent les mots, tout en respectant les contraintes drastiques de la langue de Claudel et du décor - cellules, couloirs, cour. Dans ce corps à corps théâtral, Guenaël, qui joue Tête d'or, révèle un vrai tempérament d'acteur - pour la petite histoire, c'est avec lui que Béatrice Dalle s'est mariée début 2005. Les quelques inserts documentaires, montrant les comédiens au travail ou dans la vie de tous les jours, semblent superflus et cassent plutôt l'élan. Le film n'en avait pas besoin : la pièce tient toute seule, droite et fière.
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Le poème prend la dimension des désirs et chimères d'hommes aux ailes brisées. La caméra encadre chaque verset avec un tect impressionnant. Au besoin, le film reprend son élan au fil de brèves incises doucmentaires sur la vie en prison, les réflexions des acteurs sur les enjeux de la pièce et, bien sûr, l'arrivée de la star rebelle, très appréciée sur ce tournage.
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Le film ne manque pas de beautés, il arrive que la pièce prenne forme, que sa brutalité s'installe dans l'espace terrible de la prison, que Béatrice Dalle trouve des interlocuteurs à sa mesure. Mais souvent on s'ennuie et de cet ennui naissent des questions : que sont allés chercher les comédiens amateurs dans ce langage si éloigné du leur qu'ils n'arrivent pas souvent à l'apprivoiser ? Et cette quête, même si elle a un sens, devait-elle devenir un spectacle, livré dans toute sa vulnérabilité au regard de tout un chacun ?